Élu vice-président (LFI) du Parlement européen le 16 juillet dernier, le député d’origine réunionnaise Younous Omarjee a présidé pendant cinq ans la commission Développement régional de cette Assemblée. Interlocuteur privilégié du Comité européen des régions, il a défendu avec virulence la politique de cohésion, notamment lors du dernier congrès de Régions de France. Il explique pourquoi à Régions Magazine.
Trois questions à Younous Omarjee, vice-président du Parlement européen.
Régions Magazine : Dans vos dernières interventions, on vous a senti très inquiet sur l’avenir de la politique de cohésion. Pourquoi ?
Younous Omarjee : Nous devons tous être des militants de la politique de cohésion ! En tant qu’élus issus de territoires, nous devons nous battre pour qu’elle soit maintenue, et même renforcée. En n’oubliant jamais qu’il s’agit d’une politique régionale, et que ce sont bien les régions qui doivent être à la manœuvre. En France comme dans toute l’Union européenne. Or c’est l’inverse qui risque de se produire.
RM : C’est-à-dire ?
YO : Nous faisons face à une volonté avérée de recentraliser cette politique, plus ou moins affichée par la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. Or toute recentralisation équivaudrait à un affaiblissement de nos démocraties. Renationaliser la cohésion peut revenir à emporter avec elle l’ensemble des politiques de l’Union européenne. Cette bataille que nous menons aux côtés des Régions, ou du CdR, et au sein du Parlement, c’est une bataille pour sauvegarder le projet européen.
« ce sont bien les régions qui doivent être à la manœuvre. En France comme dans toute l’Union européenne »
RM : Quels sont les remèdes ?
YO : Au niveau de la cohésion elle-même, il faut simplifier, aller vers un interlocuteur unique pour l’application des politiques sur le terrain, comme nous avons pu le faire au moment du Covid, en supprimant purement et simplement un certain nombre d’organismes de gestion qui émanent de la Commission et alourdissent les procédures.
Au niveau du Parlement, c’est à nous d’être très vigilants ! La Commission va émettre une proposition pour la prochaine période de programmation 2027-2033. La présidente a fait au mois de juillet une déclaration revenant à dire qu’elle souhaitait poursuivre le travail avec les Régions. Il faut maintenant qu’elle prenne un engagement plus précis devant le Parlement, sinon ce dernier ne la suivra pas.
Pour ma part, avec la commission que je présidais au Parlement, j’ai travaillé en bonne intelligence avec les Régions françaises pendant cinq ans. À elles de porter une position commune et forte, si possible aux côtés des Länder allemands, à elles de peser aussi devant le président de la République : la France doit s’exprimer sur ce thème au plus haut niveau de l’État. Et je fais confiance aux Régions pour qu’elles pèsent de tout leur poids.
Retrouvez l’intégralité de l’interview dans le n°173 de Régions Magazine, à paraître début décembre 2024.