La présidente Carole Delga et le président François Bonneau ont rencontré Thibaut Guilluy, Haut-Commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, le 1er février, pour un échange approfondi sur le projet France Travail en cours de préparation.
Projet important du Gouvernement qui vise à « atteindre le plein-emploi », la discussion avec les acteurs concernés par France Travail a été lancé le 12 septembre dernier par le Ministre du Travail, Olivier Dussopt. Depuis longtemps, les Régions font le constat du trop fort morcellement du fonctionnement institutionnel des politiques de l’emploi et de la formation dans notre pays, au détriment du service attendu par les entreprises comme par les demandeurs d’emploi. Nos concitoyens pâtissent de la concurrence des dispositifs, de leur manque de visibilité et de lisibilité, et finalement de la lenteur des réponses apportées. Il est vrai que parmi les pays européens, la France est la seule à préférer une centralisation de la politique de l’emploi à une organisation décentralisée, bien plus efficace. La France est également l’un des pays où le chômage est le plus important en Europe.
Pour les Régions, le débat autour du projet France Travail doit donc être l’opportunité d’une véritable réforme au service de l’emploi, des entreprises et des territoires. Compétentes sur la formation, l’orientation et le développement économique, les Régions innovent tous les jours avec les acteurs de l’emploi, les partenaires sociaux, pour trouver les solutions adaptées à leur territoire. Les 150 initiatives recensées dans les 18 Régions (étude menée par le cabinet Elezia Conseil pour Régions de France, décembre 2022) démontrent tout leur savoir-faire dans les politiques qu’elles mènent pour coordonner les réseaux, accompagner les parcours, mobiliser les acteurs dans la proximité.
Ce bilan positif est fortement soutenu par les Pactes régionaux d’investissement dans les compétences copilotés avec l’État depuis 2018, dont les Régions souhaitent la poursuite sur les prochaines années, dans des modalités à définir.
Les Régions l’ont dit haut et fort au Haut-Commissaire, dont elles attendent les conclusions : elles sont favorables à une régionalisation du service public de l’emploi. À défaut toutefois d’y parvenir, elles appellent à saisir l’opportunité du débat autour du projet France Travail pour clarifier les compétences des acteurs de l’emploi et de la formation, dans l’intérêt des entreprises comme des demandeurs d’emploi. Pour atteindre le plein-emploi, il faut aider prioritairement les publics les plus éloignés du marché du travail. Or, plus la personne concernée est dans une situation précaire, plus il faut l’accompagner et individualiser son parcours de formation. Dans le même temps, les entreprises éprouvent des difficultés dans les recrutements à cause, notamment, de l’inéquation entre offre et demande de compétences. Les indéniables capacités d’innovation et d’adaptation des Régions à leurs territoires et à leurs entreprises sont ainsi indispensables à la bonne conduite du projet « France Travail ».
Les Régions doivent donc être au cœur du pilotage de France Travail pour tenir le pari du plein-emploi. Pour cela, elles ont déposé le 6 décembre dernier une contribution qui propose « l’affirmation de la Région comme Autorité organisatrice du financement de la formation professionnelle des personnes en recherche d’emploi sur son territoire » et « responsable de la coordination des actions de formation ». À ce titre, elles doivent être reconnues comme financeur unique de l’ensemble des formations individuelles et collectives pour les personnes en recherche d’emploi.
Dans le même temps, les Régions proposent une gouvernance stratégique et quadripartite (État, Régions, organisations patronales et syndicales) de l’opérateur France Travail. Si nous voulons répondre aux enjeux complexes du marché du travail, l’État, les Régions et les organisations patronales et syndicales doivent travailler ensemble, à tous les niveaux : national, régional et local, jusqu’au bassin d’emploi. Par conséquent, toute évolution qui se limiterait à une verticalisation du service public de l’emploi constituerait une grave erreur selon les Régions. Pour le plein-emploi, soyons tous à la hauteur des enjeux soulevés par le chantier « France Travail » !