Dans la situation exceptionnelle que traverse notre système éducatif suite à la crise sanitaire, les Régions ont assuré la continuité du lien pédagogique entre les enseignants et les élèves grâce à leurs espaces numériques de travail. François Bonneau, Président délégué de Régions de France, a fait le point sur ce dossier lors d’une conférence de presse téléphonique le 7 avril 2020.
Le contexte
- Les espaces ou environnements numériques de travail (ENT) sont les outils collaboratifs multifonctions qui permettent d’établir le lien à distance entre professeurs, élèves et parents tout en proposant des services pédagogiques et la gestion de la vie scolaire. Ils sont financés pour les lycées par les Régions. Dans de nombreuses Régions, ces outils sont conjoints aux lycées et aux collèges. Pour ces derniers, ce sont les Départements qui les financent. Ils sont développés soit par des prestataires privés, soit dans le cadre de groupements d’intérêt publics (GIP), toujours en lien avec le ministère de l’Education nationale.
- En cette période de confinement, ces plateformes collaboratives ont connu une augmentation exceptionnelle d’utilisateurs avec des volumes de connexion multipliées par 4 à 10 selon les Régions. Ceci a pu conduire à des difficultés la première semaine de confinement. Mais les interventions des Régions et de leurs prestataires permettent depuis le 20 mars une véritable continuité du lien entre les enseignants et les lycéens.
« Depuis trois semaines l’espace numérique de travail est le support du lien maintenu entre les enseignants et les élèves, l’espace de la continuité pédagogique. Par un accompagnement dans le travail pédagogique, il permet que les élèves ne soient pas livrés à eux-mêmes. Il assure la continuité du service public de l’éducation, à un moment où le risque d’inégalité peut apparaître encore plus fort », explique François Bonneau.
Une prouesse technique
L’utilisation massive des ENT pendant la période de confinement a constitué un véritable test de fiabilité pour ces outils. Avec un volume de connexions multiplié par 4 à 10 selon les Régions, plusieurs centaines de milliers de visiteurs uniques par jour dans chaque Région, plusieurs millions de pages vues quotidiennement (données issues d’un questionnaire de la commission Education de Régions de France), c’est une prouesse technique majeure qu’ont réalisée les prestataires, les équipes techniques des Régions et des académies pour maintenir ces outils à flot.
Une diversification des usages
Les messageries entre enseignants et élèves disponibles sur les ENT sont les services les plus utilisés. En fonction des ENT, d’autres services connaissent une importante attractivité chez les utilisateurs : les ressources documentaires mais aussi, dans certaines Régions, des solutions web-conférence permettant de réunir des classes virtuelles. Des Régions ont également développé des services de soutien scolaire pour les élèves connaissant des difficultés, des expérimentations sont en cours en Normandie par exemple. « Jusqu’à la crise 70% des enseignants s’étaient appropriés les ENT. La totalité les utilise désormais », souligne François Bonneau.
Des prêts de matériels aux lycéens qui en sont dépourvus
Les services du ministère évaluent entre 1 et 2 % la proportion des élèves qui ne disposerait d’aucune solution pour se connecter (smartphone, tablette ou ordinateur).
Les Régions procèdent à des prêts de matériels informatiques aux lycéens qui en sont dépourvus (plusieurs centaines par Région concernée à ce jour). Bien avant la crise, certaines Régions avaient déjà massivement équipé les lycéens de leur territoire (Grand Est, Occitanie, Île-de-France, Sud).
A côté de ces données, il faut aussi répondre aux difficultés de connexion dans les territoires où les débits internet demeurent insuffisants, ou encore à la question de la disponibilité du matériel dans les foyers où des fratries partagent un seul ordinateur.
La question centrale du décrochage
Si l’immense majorité des jeunes utilisent ces nouvelles relations pédagogique, les Régions prennent en compte le risque du décrochage d’une partie des élèves. Selon le ministre de l’Education nationale, 5 à 8% des élèves (tous degrés confondus) n’ont aucun lien avec leurs professeurs depuis le début du confinement. La situation est aussi plus préoccupante dans les lycées professionnels, dans lesquels la transmission des savoirs est plus compliquée à organiser via les outils numériques que dans l’enseignement général ou technologique.
Ce sera un des enjeux majeurs pour les semaines à venir, après les vacances de printemps. « A la sortie du confinement il nous faudra mettre en place un accompagnement direct de ces élèves pour éviter le décrochage durable », souligne François Bonneau. Ainsi, sa Région Centre-Val de Loire réfléchit à la mise en place de soutien avec des étudiants bénévoles sur le modèles des « Cordées de la réussite ».