Les Régions prennent à bras le corps leurs compétences dans l’éducation et la formation pour accompagner tous les jeunes face à la crise sanitaire, économique et sociale: tel est le message délivré par François Bonneau, Président délégué de Régions de France, et Kamel Chibli, Président de la Commission Education des Régions, lors d’une conférence de presse le 16 septembre 2020.
Pour la dernière rentrée scolaire de leur mandature 2016-2021, et alors que le pays traverse une grave crise sanitaire, économique et sociale, les Régions sont plus que jamais aux côtés des jeunes et de la communauté éducative. Toutes les Régions mettent l’accent sur la protection sanitaire des élèves, soutiennent le pouvoir d’achat des familles, accélèrent le virage numérique, luttent contre le décrochage et facilitent l’orientation des jeunes. En matière d’investissement, et au moment où le Gouvernement a donné les premiers détails du plan de relance national, les Régions poursuivent leurs efforts pour la construction et la rénovation de lycées toujours plus écologiques et connectés. Tels sont les sujets développés devant la presse par François Bonneau et Kamel Chibli.
Covid-19: priorité à la santé des élèves et des personnels
Face au Covid-19, « la priorité, c’est la santé», a rappelé François Bonneau. En cette rentrée, toutes les Régions sont aux côtés des élèves et des établissements pour apporter tous les équipements de protection sanitaire indispensables en cette période. Elles ont distribué des masques aux lycéens et apprentis, les enseignants et le personnel de restauration. Les Régions sont aussi à l’écoute constante et en soutien de leurs agents dans les lycées, face à leur charge de travail supplémentaire liée à la situation sanitaire, en particulier dans le nettoyage ou la restauration.
« On a réussi à préserver des repas de qualité dans la restauration scolaire », a souligné Kamel Chibli, citant aussi les stocks de masques mis à disposition dans les transports scolaires.
Au delà, les Régions soutiennent le pouvoir d’achat des élèves et des familles. Ces actions prennent des formes diverses allant d’aides directes aux élèves à la mise en place de tarifs préférentiels notamment dans les transports scolaires ou pour encourager l’accès à la culture et au sport. Leur objectif: maintenir l’égalité des chances, pour laquelle elles sont « super engagées ».
Le bilan de cette rentrée est positif du point de vue des élèves, a expliqué le Président de la Région Centre-Val de Loire, qui a demandé aux lycéens de sa Région leurs sentiments sur la reprise des cours en présentiel. Les élèves sont heureux de se retrouver, et ressentent moins d’inquiétude face à l’avenir.
Lutter contre le décrochage, faciliter l’orientation des jeunes
Dans le contexte de crise, la lutte contre le décrochage est plus que jamais une priorité pour les Régions. Toutes les enquêtes menées sur le décrochage indiquent que les élèves des zones d’éducation prioritaire et ceux des lycées professionnels sont ceux qui ont rencontré les plus grandes difficultés dans l’apprentissage à distance.
En charge de coordonner le service public régional de l’orientation et les acteurs de la lutte contre le décrochage (PSAD), les Régions ont multiplié les actions pour aider au repérage des jeunes en situation de décrochage et proposer des solutions (accompagnement vers des actions en amont de la formation comme des « SAS de respiration » pour les jeunes décrochés, dispositifs de découverte des métiers et de mise en situation, mobilisation de l’offre de formation pré-qualifiante de la Région…).
La nouvelle compétence des Régions sur l’information sur les métiers est aussi l’occasion de mettre en place une nouvelle offre de services auprès des établissements scolaires, des enseignants, des élèves et parents d’élèves pour faciliter l’orientation des jeunes. « Elle se met en place dans toutes les Régions », a souligné François Bonneau.
Le président délégué de Régions de France a insisté sur la lutte contre le décrochage et le « sentiment d’impasse » que peuvent ressentir les jeunes qui viennent de finir leurs études face à leur avenir: « vous avez 20-22 ans, vous avez choisi un métier porteur. Là où tout était ouvert en février, les choses sont difficiles en octobre. Pour ces jeunes c’est terrible. Nous devons être attentifs à eux ».
Une politique d’investissement très volontariste dans les lycées
Alors que le plan de relance national «France Relance» vise notamment à accélérer la rénovation énergétique des bâtiments scolaires avec une enveloppe de 300M euros déléguée aux Régions, elles poursuivent leurs politiques d’investissement pour des lycées plus écologiques. Cela représente 10 Mds d’investissement sur 6 ans dans la construction-rénovation-restructuration des lycées dont 75% consacrés à la maintenance, la rénovation-réhabilitation et à la maîtrise des énergies.
La construction d’une cinquantaine de nouveaux lycées a été planifiée par les Régions sur la période 2016/2021.
Le lycée du futur sera écologique. « Nos lycées consomment 350 kwatt par m2 en moyenne, soit 7-8 fois au dessus des normes », a précisé François Bonneau, plaidant pour un plan massif d’isolation thermique, de changement des sources d’énergie et de régulation de la chaleur.
Numérique : les Régions toujours à l’avant-garde
Le numérique, et en premier lieu, les ENT (environnements numériques de travail) financés et entretenus par les Régions depuis 2013, ont été les pierres angulaires de la continuité pédagogique entre mars et juin 2020. L’action des Régions pour doter les élèves et les établissements en équipements informatiques a été décisive. Selon une enquête réalisée par la DEPP (direction statistiques) du Ministère de l’Éducation Nationale auprès des enseignants, des élèves et parents d’élèves, 75% des élèves ont pu aisément poursuivre leur travail scolaire à distance sans difficultés. Et pour 8 enseignants sur 10, la période aura eu des effets bénéfiques sur les compétences numériques des élèves et leur autonomie.
A l’heure où le ministère de l’Education nationale organise des états généraux du numérique éducatif, les Régions resteront à l’avant-garde pour poursuivre leurs actions volontaristes pour le lycée du futur. « Nous allons contribuer à ces états généraux », a annoncé Kamel Chibli. Mais le Président de la Commission Education de Régions de France « attend aussi un investissement de l’Etat qui accompagne l’engagement des Régions ».
Les Régions souhaitent que ces états généraux soient ainsi l’occasion de mettre en place une gouvernance plus équilibrée entre l’État et les Régions sur ce sujet, après la loi Peillon de 2013 qui a défini les missions des académies, des établissements et des Régions,
Les Régions restent engagées pour l’apprentissage
Cette année 2020 est la première année de mise en œuvre du nouveau système de financement de l’apprentissage. Fondé sur la liberté d’installation et un financement à l’apprenti, le système que les Régions avaient combattu, démontre aujourd’hui qu’il ne répond pas aux attentes en temps de crise, a constaté François Bonneau. « Nous ne sommes pas dans une approche revancharde, mais nous voulons que l’apprentissage ne pâtisse pas de la crise », a expliqué le Président délégué de Régions de France. « Nous avons dit très clairement au Gouvernement que ce n’est pas parce qu’on reconnaît une erreur qu’on se dégrade. Nous sommes complètement disponibles pour rediscuter de la place des Régions dans l’apprentissage de demain. C’est au niveau des Régions qu’on met les acteurs en réseau. Il faut avoir un coup d’avance, anticiper sur les secteurs essentiels pour la reprise demain ».
Face aux inquiétudes sur le recrutement d’apprentis, en particulier dans les PME, les Régions appellent l’Etat à développer des solutions supplémentaires aux aides exceptionnelles aux employeurs d’apprentis et aux CFA. En particulier, il paraît essentiel de faciliter les passerelles permettant à des apprentis de poursuivre leur formation de manière sécurisée et pérenne en l’absence prolongée de contrat. Les Régions proposent aussi, pour les jeunes mineurs en rupture ou en recherche de contrat, de faciliter leur réorientation vers un parcours professionnel sous statut scolaire où les bourses sont notamment possibles. Pour les jeunes plus âgés, il faut faciliter le passage en statut de stagiaire de la formation professionnelle.
Enfin, face au risque d’une forte chute des offres d’apprentissage, les Régions demandent un pilotage et un suivi régulier par l’ensemble des acteurs au niveau régional. Ceci doit in fine participer d’une forme de régulation concertée de l’offre de formation dans un contexte très difficile et mouvant.
Plan de relance: pour une application régionalisée
Interrogé sur le volet formation du plan de relance, François Bonneau a plaidé pour une mise en œuvre confiée aux Régions, en articulation avec Pôle Emploi. « Nous demandons très clairement que la mise en œuvre territoriale nous soit confiée », a-t-il dit. « Faisons en sorte que les annonces de l’Etat s’incarnent très vite sur chaque territoire. (…) Sinon on ne sortira pas de la crise ».
Les Regions veulent que la mise en œuvre territoriale du volet formation du plan de relance leur soit confiée. @fbonneau
— Régions de France (@Regionsdefrance) September 16, 2020
Sur ce sujet, mais aussi sur les Contrats de plan Etat-Régions, les Présidents ont rendez-vous le 28 septembre prochain avec le Premier ministre Jean Castex, après l’accord de méthode signé le 30 juillet 2020. Dans tous les domaines, les Régions souhaitent aller « plus loin et plus vite », a résumé François Bonneau. « On ne doit pas penser que les solutions pour avancer, c’est plus de concentration et moins de décentralisation. Les solutions verticales, technocratiques ne fonctionnent plus. Demain s’invente sur les territoires ».