Dans cette interview réalisée par la Fondation Coppieters, Wanda Mastor, Professeur de droit public à l’Université Toulouse 1 Capitole, estime que la pandémie Covid-19 « a relevé les failles de notre système institutionnel de manière particulièrement évidente ».
« Les Présidents de Région ont été des capitaines dans la tempête, des gestionnaires de crise, ils ont eu des rôles de prévention, d’alerte. Ils sont à la fois des acteurs de premier plan mais n’ont pas les moyens adéquats, pas de pouvoir législatif », explique le Professeur Mastor.
Selon elle, « l’opinion publique va retenir beaucoup de doutes, d’hésitations de la part de l’Etat, et des Régions très actives au plus près du citoyen ». « Cette pandémie a rappelé qu’il ne pouvait plus y avoir de rapports verticaux Etat-Territoires », souligne Mme Mastor.
Pour Wanda Mastor, la crise actuelle montre aussi que « la différenciation factuelle a précédé la différenciation juridique ». Ainsi, l’Etat a pu décider le confinement le week-end à Nice ou à Dunkerque et pas ailleurs.
Plus généralement, « le problème est de savoir qui prend les décisions: les autorités élues ou la préfectorale », poursuit le Professeur, qui soutient la demande des Régions de copiloter les agences régionales de santé.
Interrogée sur les exemples d’autres pays ou la gestion de crise s’est faite dans de meilleures conditions qu’en France, Wanda Mastor cite l’Allemagne où des réunions hebdomadaires se tiennent entre la chancelière et les présidents des Länder. « Ce dialogue et cette concertation ont cruellement manqué à la France, mais aussi à l’Italie et à l’Espagne », conclut Wanda Mastor.
Interview réalisée par Antonia Luciani, secrétaire générale de la Fondation Coppieters dans le cadre de sa web-série sur les conséquences de la crise sur la démocratie et les Régions européennes.