Les 25 et 26 octobre 2024, la Région Grand Est a accueilli la 20ème édition du congrès annuel des Régions de France ; l’occasion pour leurs représentants d’échanger sur l’élaboration de la carte des formations professionnelles initiales.
Réunis au Centre de formation des apprentis des « Compagnons du devoir » à Strasbourg, cinq représentants de Régions ont partagé leur méthodologie d’élaboration de la carte des formations initiales pour répondre aux défis démographiques, géographiques et économiques de leur territoire. Marc MEYER, délégué français de l’Agence franco-allemande ProTandem pour les échanges dans l’enseignement et la formation professionnelles a enrichi ces discussions en apportant un éclairage sur le système allemand de l’apprentissage.
Les échanges, animés par Pascaline MARION, journaliste pour AEF Info, s’inscrivent six ans après le vote de la loi du 5 septembre 2018, qui a confié aux Régions la responsabilité des actions d’information sur les métiers et les formations au collège et au lycée et dans le contexte de mise en œuvre de la réforme du lycée professionnel lancée en 2023 avec pour objectif de transformer un quart des formations d’ici 2027.
Dès la rentrée, François BONNEAU, Président de la Commission Education-Orientation-Formation-Emploi de Régions de France, avait porté une ambition forte en souhaitant garantir que chaque territoire dispose bien des compétences nécessaires à son développement économique et que chaque jeune soit en situation de trouver un emploi.
Les Régions témoignent
Philippe MITTET, Directeur général adjoint du pôle Education et Citoyenneté de la Nouvelle Aquitaine a livré un premier témoignage régional de l’élaboration de la carte des formations initiales, en mettant en évidence l’organisation, en Nouvelle-Aquitaine, de conférences territoriales des métiers de l’orientation, permettant de réunir les collectivités territoriales, les entreprises, les représentants des corps et les établissements. Un travail de prospective sur les flux d’élèves, les entreprises présentes sur le territoire et les projections sur les emplois à venir permet d’aboutir à une carte des formations initiales. Par ailleurs, il a esquissé une solution pour remédier à la fermeture des établissements : reconfigurer les logements disponibles dans les lycées pour y installer des BTS ou des jeunes en formation.
Céline SITOUZE, Vice-Présidente déléguée à l’Education de La Réunion, a présenté l’offre de formation dans un contexte insulaire et excentré de l’Hexagone, l’occasion pour elle de présenter les grands projets de la Région : la construction d’un lycée des métiers de la Mer à Le Port, d’un lycée des métiers de l’hôtellerie et du tourisme, ou encore d’un lycée d’enseignement adapté. Elle a rappelé le rôle stratégique de La Réunion, positionnée au cœur de l’océan Indien.
Jérôme BARON, en charge de la carte des formations en région Centre-Val de Loire, a expliqué la notion de carte-cible de l’apprentissage, élaborée par la Région à partir de la liste des métiers prioritaires au niveau national et des documents stratégiques des conseils régionaux et affinée à partir d’un travail de co-construction avec les Opco. La carte cible est ainsi élaborée sans zonage géographique, par « métier », et non plus par formation.
Giovanni SORANO, Directeur général adjoint du pôle Education et avenir des jeunes et Sophie DUBOIS, Directrice de l’apprentissage et de l’alternance de la région Hauts-de-France ont enrichi les échanges en abordant le lancement des états-généraux de l’apprentissage en 2018 par l’exécutif régional des Hauts-de-France. Ils ont également présenté la mission Proch’orientation, déployée à l’échelle du territoire régional, dispositif qui consiste à organiser des interventions dans les collèges, dès la classe de 5ème sur la thématique de l’orientation. François Bonneau a lui aussi souligné, en fin d’atelier, la nécessité d’engager un travail de sensibilisation et d’information dès le collège.
Pour Valérie DEBORD, Vice-Présidente de la région Grand Est chargée de l’Emploi, de la Formation, de l’Orientation, de l’Apprentissage et de l’Enseignement supérieur, « la décentralisation n’exclut pas la confiance. » L’élue du Grand Est a profité de son intervention pour présenter la logique territoriale déployée dans sa région avec l’installation de 12 Maisons de la Région, permettant une proximité des services et une action localement ciblée et cohérente avec les réalités de ce grand territoire.
Les propositions des Régions
Les représentants des Régions se sont accordés sur l’élaboration d’une carte des formations pluriannuelle – méthodologie plébiscitée par François BONNEAU, adossée aux métiers des secteurs potentiels de développement économique comme le numérique, les énergies renouvelables, avec des spécificités pour chaque région : de l’économie bleue à La Réunion aux métiers du soin dans le Grand Est. Cette logique a inspiré la région Nouvelle-Aquitaine à créer un label innovant : le label Talents et territoires en Nouvelle-Aquitaine (TTNA). Unique en France, il valorise les campus qui répondent aux besoins en compétences et en emplois des filières économiques régionales. Les représentants des régions se sont également entendus sur la nécessité de mutualiser des plateaux techniques à l’échelle du territoire régional, quand certains représentants, comme Céline SITOUZE, Vice-Présidente déléguée à l’Education à La Réunion, ont appelé à une plus grande coopération entre Régions.
Un regard allemand sur le système de l’apprentissage
A l’occasion de son intervention, Marc MEYER a mis en lumière le modèle allemand de la formation professionnelle, dont 46% des travailleurs diplômés proviennent de ce système. Il a souligné la compétence forte des Länder allemands en matière de formation, une compétence pleine et entière qui inspire les Régions françaises.
Des réponses nourries des réalités locales
En conclusion de l’atelier, François BONNEAU a livré un vibrant plaidoyer en faveur de réponses émanant des réalités locales aux questions de l’apprentissage et de la formation. Le Président de la Région Centre-Val de Loire a également souligné l’importance de placer de l’excellence dans les zones peu denses ; une manière de traiter des enjeux démographiques tout en menant un « travail de fond pour allier, dans les formations, différents publics, des jeunes apprentis aux publics de la formation tout au long de la vie ». François BONNEAU a souhaité inscrire un pilotage public à 360° de la stratégie de la formation initiale, aux côtés des entreprises, des branches, des régions et a conclu : « La vie de Régions de France n’est pas une vie de concurrence mais une vie de synergie. »
