Régions de France, l’ANCT, la DGEFP et France Tiers Lieux ont tenu les 24 et 25 juin 2025 à Tours en Centre-Val de Loire les premières rencontres nationales DEFFINOV dédiées à la valorisation des tiers-lieux de compétences et à l’enjeu de leur pérennisation.
Les représentants des 204 projets lauréats venus de l’hexagone et des outremer, leurs partenaires et financeurs dont les Régions étaient présents pour cette journée et demie de travail dans trois lieux emblématiques de la préfecture d’Indre-et-Loire, l’ancienne imprimerie MAME, l’Atelier des projets et la Caserne des Beaumonts.
Après une première après-midi dédiée aux échanges de bonnes pratiques et à l’outillage des acteurs du réseau, la journée du 25 juin a été consacrée aux enjeux nationaux.
Lieux d’innovation pédagogique et de transformation des pratiques, les tiers-lieux de compétences permettent aux publics les plus éloignés de l’emploi d’accéder à la formation professionnelle.
L’appel à projet DEFFINOV lancé en 2021 par le ministère du Travail dans le cadre du Plan d’investissement dans les compétences et de France Relance, en co-portage avec l’ANCT et Régions de France, a permis de soutenir 353 organismes de formation au sein de consortiums élargis aux partenaires locaux, pour des projets d’insertion, de transition écologique ou numérique. Quelque 60.000 apprenants en ont bénéficié dont 30% de demandeurs d’emploi, 18% de jeunes et 17% d’adultes peu ou pas qualifiés. Les 208 tiers lieux soutenus sont situés à 49% en zone rurale et 47% en QPV.
Originalité du dispositif, 10 Régions sur 18 ont porté l’AAP à la place de l’État. La Région Centre-Val de Loire a été la première à financer les tiers-lieux de compétences sur la première génération du Pacte régional d’investissement dans les compétences, et cette expérience pilote réussie a été généralisée au reste du territoire.
Invité d’honneur à l’ouverture des débats, le président François BONNEAU a salué cette « transformation du concept de formation » qui touche particulièrement les personnes en situation de précarité. « Pour les bénéficiaires, c’est un lieu différent qui produit une adhésion. Un tiers lieu de compétence est un espace de collaboration, de production de réponses vers ceux qui n’entrent pas dans le couloir de nage habituel », a souligné le président de la Région Centre-Val de Loire et de la Commission Éducation-Orientation-Formation-Emploi de Régions de France.
François BONNEAU a reconnu qu’ « aujourd’hui la question des moyens est posée » pour les tiers-lieux dans la situation budgétaire du pays. « Nous souhaitons que l’État continue d’en faire un secteur prioritaire », a insisté le président de Région devant le représentant de la DGEFP, le chargé de mission Nicolas POTDEFER. La ministre du Travail n’avait pu se rendre disponible pour l’événement.
Signe positif, France Travail commence à s’intéresser aux tiers-lieux dans plusieurs régions. Ainsi, une représentante de la direction régionale Nouvelle-Aquitaine a présenté ses actions pour développer l’interconnaissance entre agents de France Travail et tiers-lieux.
Le sujet de la pérennisation a particulièrement été évoqué dans l’après-midi, avec les leviers des marchés publics et du mécénat. Pour la Région Bretagne, dont le marché sera en renouvellement en 2026, Laurence GUÉNOT a plaidé pour la complémentarité entre tiers-lieux et organismes de formation, un des acquis du programme DEFFINOV.
« Nous allons voir comment demain un tiers-lieu peut s’associer à des organismes de formation pour répondre à notre marché, et adapter nos critères de sélection au-delà du prix », a expliqué la directrice adjointe de la formation et des compétences de la Région Bretagne. En outre, « des tiers-lieux font de la gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences territoriale ou de la gestion des ressources humaines sans le dire », et peuvent donc prétendre au soutien régional à ce titre. La Région Bretagne fera aussi le lien avec d’autres politiques régionales qui peuvent soutenir les tiers-lieux comme la jeunesse ou la santé.
En écho, le représentant de la Fédération des Acteurs de la Compétence a lui aussi défendu la complémentarité entre tiers lieux et organismes de formation. Les premiers peuvent contribuer au remplissage des formations par leur connaissance des territoires et des individus.
Côté privé, la Fondation Orange finance l’amorçage des projets et leur passage à l’échelle. Son réseau finance les projets jusqu’en outre-mer, où les sources de financement sont plus rares.
En conclusion, le vice-président de la Région Centre-Val de Loire Jean-Patrick GILLE a estimé que les nouveaux comités locaux pour l’emploi étaient « une opportunité pour financer les tiers-lieux ». Sa Région en a installé 13 sur ses 22 bassins d’emploi.
Opposé à des actions d’accompagnement des personnes par les tiers lieux, qu’il souhaite laisser aux structures dédiées à l’insertion, le Vice-Président a lui aussi insisté sur le partenariat avec les organismes de formation, qui peuvent disposer de locaux disponibles pour les tiers-lieux. Il a rappelé l’enjeu de l’aménagement du territoire et invité France Tiers lieux à travailler ce sujet avec les autres associations d’élus.
Et de terminer par un double conseil aux tiers-lieux : renforcer leur réseau et mener une démarche d’évaluation en interne : « vous réunissez beaucoup d’innovation et d’énergie : gardez-les ! » Ces rencontres l’ont bien montré.