C’est une première : La Région Bourgogne-Franche-Comté est présente à la « European Hydrogen week » qui se tient à Bruxelles du 20 au 24 novembre 2023. Elle veut clairement positionner ses pions sur l’échiquier de l’écosystème hydrogène, en pleine effervescence au niveau mondial
La « European Hydrogen Week », pour les professionnels de l’hydrogène, c’est un peu comme le salon de l’agriculture des agriculteurs : c’est the place to be, ou en tous cas le lieu où l’on peut montrer au monde entier son savoir-faire. Elle se tient actuellement à Bruxelles, et pour la première fois, la Région Bourgogne-Franche-Comté est présente : elle tient un stand sous la bannière de l’association France Hydrogène, aux côtés des régions Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et Normandie. « On est là pour faire du lobbying, ce n’est pas un gros mot » justifie Eric Oternaud, Conseiller régional délégué en charge de la conversion écologique de l’économie. Présent pour l’inauguration du stand mardi 21 novembre, l’élu va plus loin : « Contrairement aux autres, nous avons des choses concrètes à présenter : des gigafactories qui ne sont pas que des projets, mais en phase de montée en cadence ; cela fait 30 ans qu’on est sur les piles à combustible. Donc on a vraiment des atouts à montrer au niveau de l’Europe. »
Sur le petit espace alloué à la Région, on voit défiler des Asiatiques, des Norvégiens, des Emiratis. Ils viennent se renseigner sur l’écosystème régional, qui fait figure de modèle pour bien des pays. « On a aussi quelques touches avec des industriels en recherche d’implantation, poursuit Eric Oternaud. Et puis on tisse des relations avec d’autres acteurs que nous ne connaissions pas. Notre stand est situé face à celui de l’Afrique du Sud. C’est toujours intéressant de voir comment d’autres pays abordent ce sujet. »
« On est au milieu du gué »
D’autant plus que la filière se développe partout, à vitesse grand V. L’Afrique du Sud justement, mais aussi le Brésil, le Chili, les pays du Moyen-Orient, les Etats-Unis, la Chine bien sûr : tous se structurent, au point de rattraper la France, un des premiers pays au monde à adopter une stratégie hydrogène dédiée, avec des financements. C’était en septembre 2020 avec l’adoption d’un axe sur la décarbonation de l’industrie, un autre sur la décarbonation des mobilités et un axe R&D, innovation et formation. 7,2 milliards d’euros avaient été débloqués par l’Etat, renforcés par France 2030 avec 1,9 milliards d’euros supplémentaire : « On est parti en tête de peloton, et au niveau européen, on fait partie des pays le plus outillés en matière de déploiement et d’ambition confirme Christelle Werquin, déléguée générale de France Hydrogène, qui poursuit : Après, toutes les régions du monde bougent. Ça va très vite. On est au milieu du gué. Le mécanisme de soutien à la production pour l’hydrogène décarboné, prévu depuis 2020, va enfin être lancé là maintenant. On a besoin d’accélérer. »
France Hydrogène pourra compter sur la Bourgogne-Franche-Comté. La Région a engagé 100 millions d’euros pour accompagner le développement de cette technologie sur l’ensemble des territoires, que ce soit via des écosystèmes de mobilité, ou l’accueil d’industries de demain, notamment à Belfort, à Dijon, ou encore à Auxerre. « La Bourgogne-Franche-Comté a été capable de mettre en place une feuille de route avec des objectifs chiffrés assez tôt, confirme Christelle Werquin, qui voit dans la Bourgogne-Franche-Comté un allié fort dans le développement de la filière hydrogène en France :
L’engagement de la Région réel. On a des territoires très actifs, comme le Grand Dole, Belfort … Il y a ici une histoire industrielle séduisante pour de grands groupes qui viennent chercher une main d’œuvre compétente. La Bourgogne-Franche-Comté est le vivier industriel de la France. Et comme elle est sur un lieu de transit, elle doit bien évidemment pouvoir en tirer des opportunités.
Christelle Werquin, déléguée générale de France Hydrogène
Labellisée Territoire hydrogène dès 2016, la Région attire aujourd’hui de grands industriels. Avec un leitmotiv : construire une filière industrielle sur toute la chaîne de valeur, pour que, demain, tous les composants d’un électrolyseur ne soient pas produits à l’autre bout du monde, mais en Bourgogne-Franche-Comté.