Les Jeux paralympiques qui viennent de s’achever, laissent en héritage des velléités de transversalité, au sein des collectivités. Illustration avec Régions de France qui souhaite enclencher une dynamique autour du sport et du handicap. D.R.
Est-ce l’un des premiers signes concrets de ce que Tony Estanguet, président du comité d’organisation de Paris 2024 a appelé « la révolution paralympique » ? Toujours est-il que « Sandrine et moi, nous ne nous étions jamais croisés… », lance Pierre Pouliquen, élu référent Sport de Régions de France , à propos de Sandrine Chaix, son homologue en charge du handicap. La rencontre a donc eu lieu le 6 septembre dernier à Paris, en marge des Jeux paralympiques, dans le cadre d’une journée dédiée au sport et au handicap, au cours de laquelle les deux élus ont notamment auditionné Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique sportif français (CPSF). L’enjeu ? L’héritage paralympique pour Régions de France .
Plus précisément, il s’agissait d’éclairer le rôle des régions dans le développement du parasport en France, au cours des années à venir. « Par les performances des athlètes et la ferveur populaire suscitée, ces Jeux ont marqué les esprits », souligne Sandrine Chaix, vice-présidente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), en charge du handicap. « Ils sont une opportunité pour nous élus, de créer un lien privilégié avec les instances nationales telles que le CPSF, afin de construire intelligemment nos politiques ».
Les conférences régionales du sport au carrefour
La première pierre de ce travail passe ainsi par un rapprochement des groupes de travail sport et handicap, au sein même de Régions de France . Pour un abord transversal qui vise « à mettre en place des politiques publiques en adéquation avec les besoins et les attentes des territoires », poursuit-elle. « Mais plutôt que de partir dans tous les sens en surfant sur l’engouement des JOP, il convient de se poser et d’écouter les remontées de terrain ». Pour Pierre Pouliquen, vice-président de la région Bretagne, en charge du sport, « il s’agit de se donner des priorités en matière d’inclusion et d’accessibilité ». Avec des conférences régionales du sport (CRS), qui constituent selon lui « le lieu idoine pour incarner cette volonté de transversalité. Nous devons changer nos façons de procéder généralement en silos, et faire en sorte que cette transversalité se décline dans toutes les strates de collectivités. Avec des directions des sports, qui se rapprochent de celles en charge du handicap ».
Au-delà des discours, dans un contexte budgétaire contraint, la question des moyens se pose… « Bien sûr », rétorque Sandrine Chaix. « Oui, il faut rendre les lieux accessibles, ce qui sous-entend des investissements potentiellement importants. Mais posons-nous aussi les questions de ce que nous pouvons faire de plus simple, pour lever les freins à la pratique parasportive. Ne serait-ce qu’en matière de formation, qui correspond aussi à une compétence des régions, avec pourquoi pas, des modules qui s’appuieraient sur les réalités et les besoins concrets ».
La norme, mais aussi l’usage…
De son côté, Marie-Amélie Le Fur insiste également sur l’importance d’écouter la parole de l’usager, c’est-à-dire la personne en situation de handicap (PSH) ». Elle distingue d’ailleurs l’usage de la norme : « un équipement sportif peut répondre à une norme mais pas forcément à l’usage quotidien », alerte-t-elle. Et de conclure en forme de confirmation : « Auparavant, chacun avait tendance à agir sur son seul périmètre de responsabilité. Ces Jeux de Paris 2024 nous ont appris. Et semble-t-il à poser les bases d’un travail plus transversal.