L’ensemble des Président(e)s de Région ont exprimé depuis plusieurs semaines leurs inquiétudes concernant la situation critique des étudiants et des jeunes dans le contexte de crise sanitaire. Un entretien est prévu mercredi 17 février entre les Président(e)s François Bonneau et Marie-Guite Dufay et les ministres Elisabeth Borne et Frédérique Vidal à ce sujet*.
Pour les Régions, il y a urgence absolue à agir vite et fort pour répondre aux conséquences de la crise sur la population étudiante et l’ensemble des jeunes: décrochage, précarité économique et sociale, troubles psychologiques…
Les étudiants sont aujourd’hui les grands oubliés des protocoles sanitaires et des mesures d’urgence et de relance. Le sentiment que nous sommes en train de fabriquer une « génération sacrifiée » s’étend et touche désormais tous les mieux sociaux. Il faut aujourd’hui que dans l’action de l’Etat la priorité soit donnée au sauvetage des étudiants et plus largement, de l’ensemble de nos jeunes.
Pour une reprise progressive des cours en présentiel à l’université
Les Régions soutiennent la réouverture des Universités pour une reprise progressive des cours en présentiel, sur la base de protocoles sanitaires précis et sécurisés, travaillés à l’échelle régionale en collaboration avec les établissements. Les Régions, en première ligne, multiplient les initiatives pour répondre à l’urgence. Les Régions sont prêtes à soutenir la campagne de tests voire de vaccination sur les campus (barnums, vaccinodromes…) ce qui permettrait de reprendre le présentiel.
Nous ne pouvons pas nous résoudre à ce que les étudiants s’en remettent aux associations caritatives pour se restaurer. Le renforcement de la restauration universitaire doit être une priorité. Les Régions proposent de travailler avec les CROUS pour a minima élargir, dans le respect des règles de distanciation, les horaires d’ouverture des restaurants universitaires pour le retrait des paniers repas après 18h, à titre dérogatoire et en raison de l’urgence.
La restauration universitaire doit être une priorité
Concernant les Instituts de Formation en soins infirmiers (IFSI), le sujet de la restauration collective se pose avec plus d’acuité pour leurs étudiants: les selfs des hôpitaux sont fermés, et quand leur IFSI n’est pas dans une ville universitaire ils n’ont pas droit aux repas à 1 euro. Les besoins en soutien psychologique pour ces jeunes confrontés à la maladie et à la mort justifieraient plus d’investissement dans le Centre National d’Appui destinés aux étudiants en santé. Par ailleurs les étudiants en travail social connaissent les mêmes difficultés que les autres apprenants. Ils ne trouvent pas de terrains de stage, alors même que les CROUS, en cruel manque d’assistants sociaux, ne peuvent pas accueillir de stagiaires faute d’encadrants.
Par ailleurs, la situation des jeunes en recherche d’emploi (apprentis, jeunes diplômés, jeunes sans diplôme…) doit être traitée au niveau régional, afin d’articuler au mieux l’ensemble des aides disponibles et de développer les passerelles entre statuts et voies de formation.
Situation préoccupante pour les apprentis sans contrat
Les Présidents alertent sur la situation des 40 000 à 50 000 jeunes apprentis actuellement sans contrats d’apprentissage, soit 10% des apprentis. Ces jeunes sans contrat ne perçoivent pas de rémunération, ce qui peut les mettre en situation de précarité. Un message d’un meilleur accompagnement des jeunes en CFA pourrait être passé aux opérateurs de compétences (OPCO) qui financent désormais les CFA à titre principal, pour les réorienter soit vers la voie scolaire, soit vers la formation professionnelle continue.
Plus globalement, les Régions s’interrogent sur ce qui pourrait se passer lorsque les aides exceptionnelles à l’embauche d’apprentis cesseront. Ce contexte fragile plaide, selon les Régions, pour remettre en place des mécanismes d’alerte et de décision pour accompagner les jeunes et mieux réguler/adapter l’offre de formation par apprentissage sur le territoire en fonction des besoins en recrutement des entreprises.
Des dispositifs spécifiques de raccrochage
Enfin, il reste de nombreux jeunes sans solution à ce jour. L’accès des jeunes sortis de formation initiale aux programmes de formation des Régions s’accélère avec la mise en place de l’obligation de formation des 16-18 ans et la mise en œuvre du volet formation du plan « 1 jeune-1 solution » dans le cadre des PRIC (pactes régionaux d’investissement dans les compétences).
Au titre de leur compétence en matière d’orientation et de coordination des acteurs de la lutte contre le décrochage scolaire, les Régions ont mis en place des dispositifs spécifiques de raccrochage pour les jeunes en échec. Ces moyens, souvent inscrits dans les pactes d’investissement, s’articulent avec ceux de l’Etat dans le plan de relance.
*Cet entretien prévu le 29 janvier 2021 a dû être reporté en raison du déplacement d’Elisabeth Borne à Valence auprès des agents de Pôle emploi.