« Il faut mettre le sujet de ‘l’éducation à l’orientation’ au cœur du processus éducatif et de la vie économique », déclare le vice-président de Régions de France, François Bonneau, lors d’un webinaire sur l’orientation organisé le 9 mars 2022 par Régions de France (1).
Plusieurs leviers ont été évoqués pour améliorer l’accompagnement des élèves en matière d’orientation : mener des actions auprès des plus jeunes, rapprocher l’Éducation nationale du monde économique, associer tous les acteurs pour les projets. Le Dgesco détaille les différentes actions à proposer pour aider les élèves.
« On n’a jamais vu le sujet de l’orientation porté à un tel niveau dans le débat présidentiel », se félicite le président de la région Centre Val-de-Loire et président de la commission éducation de Régions de France, François Bonneau, lors d’un webinaire organisé le 9 mars, dans le cadre d’une série de webinaires thématiques proposés par l’association. Il relève que plusieurs candidats à l’élection présidentielle ont des propositions sur ce sujet (lire sur AEF info).
Il constate que « l’orientation est devenue un sujet majeur et il faut y apporter des réponses importantes et ambitieuses pour la faire évoluer ». « Il faut que chacun trouve sa place et aborder ces questions frontalement dans le respect des compétences de chacun, mais en créant du commun », souligne-t-il.
Dans le cadre de la répartition des compétences État-Régions en la matière et alors que la crise Covid a ralenti les projets, les intervenants du webinaire (représentants de régions et de l’Éducation nationale) ont évoqué plusieurs leviers pour améliorer l’orientation des élèves.
Développer l’éducation à l’orientation auprès des plus jeunes
« Pour aider nos jeunes à se préparer progressivement au monde professionnel, il faut mettre le sujet de ‘l’éducation à l’orientation’ au cœur du processus éducatif et de la vie économique », estime François Bonneau.
Le Dgesco, Édouard Geffray, partage cette vision. Selon lui, le processus d’orientation, « long et lent », doit comprendre plusieurs actions destinées à « permettre aux élèves de connaître les métiers, de rencontrer des professionnels, d’expérimenter et d’avoir des modèles pour susciter des vocations ». « Il faut toutes ces étapes », insiste le Dgesco.
Édouard Geffray et François Bonneau soulignent l’intérêt des stages de 3e qui constituent selon eux un « moment clé » dans l’orientation. « Quand un élève rentre de stage de 3e, il en ressort transformé. L’élève en tire toujours quelque chose », rapporte Édouard Geffray. François Bonneau suggère d’instaurer un stage en entreprise également en classe de 1re. « Ce serait bénéfique car l’élève a acquis une maturité depuis sa première expérience. »
Pour Édouard Geffray, il faudrait également démarrer des actions sur l’orientation « dès l’école élémentaire » : « Il y a des classes en primaire où les parents viennent tous présenter leur métier. On découvre ainsi qu’avec une classe de 25 élèves, c’est 50 métiers différents que les enfants peuvent découvrir ! », rapporte le Dgesco.
François Bonneau propose de créer, sur le modèle des classes vertes en élémentaire, des « classes de découverte du monde économique ».
« On commence à avoir des expérimentations d’information sur l’orientation au niveau du premier degré », rapporte la directrice générale de l’Onisep, Frédérique Alexandre-Bailly. L’objectif de ces actions est de « travailler sur les compétences nécessaires au XXIe siècle, qui permettront à chaque jeune de s’adapter tout au long de sa vie ».
« DE LA SOUPLESSE ET DES JALONS » POUR PARLER ORIENTATION (DGESCO)
La réforme de l’orientation prévoit 12h en classe de 4e, 36h en 3e et 54h au lycée pour des actions d »information sur l’orientation dans les établissements scolaires. Quel est le bilan de cette mesure ?
« Nous n’avons pas de bilan à l’échelle nationale car cette mesure a été très perturbée par la crise Covid », répond Édouard Geffray. Il assure néanmoins que « les établissements scolaires s’en sont emparés » : ces heures prennent la forme « principalement de rencontres » (des professionnels viennent en classe ou des élèves vont en entreprise) et « d’actions d’information ». François Bonneau plaide lui pour un « maximum de souplesse » sur l’utilisation de ces 54 heures. « Si vous dites aux élèves : ‘On parle orientation tous les mardis de 13h30 à 14h30’, c’est foutu ! L’orientation doit être incluse en articulation avec les enseignements », explique le président de région.
« Il faut en effet de la souplesse dans l’organisation des actions sur l’orientation mais il faut aussi des jalons », estime Édouard Geffray. Il cite par exemple le « printemps de l’orientation », organisé cette semaine pour sa 2e édition (2). « Les élèves et les équipes savent que chaque année, mi-mars, on parle orientation. C’est un repère utile », explique le Dgesco.
Favoriser le rapprochement éducation nationale – Monde économique
Les régions considèrent que l’orientation serait également facilitée par « un rapprochement plus fort entre le monde de l’entreprise et l’Éducation nationale ». Il faut « plus de fluidité entre l’éducation des jeunes et le monde économique et social », explique François Bonneau.
« Les personnels éducatifs en sont conscients et expriment un besoin de mieux connaître les entreprises », note Édouard Geffray qui énumère plusieurs initiatives en ce sens comme les rencontres enseignants-entreprises et le dispositif de mentorat P-Tech (lire sur AEF info).
La Région Hauts-de-France a mis en place de son côté la plateforme « Proch’orientation » qui met en relation des professionnels avec des établissements scolaires (lire sur AEF info). « Aujourd’hui, nous avons 1 600 ambassadeurs de métiers et autant d’enseignants qui participent », se félicite Manoëlle Martin, vice-présidente en charge de l’éducation, des lycées et de l’orientation de la région Hauts-de-France.
« En rapprochant ainsi le monde économique des établissements scolaires, nous voulons permettre aux jeunes de prendre eux-mêmes leur décision en matière d’orientation, et non plus seulement avec l’aide de sa famille, comme c’est le cas actuellement dans 80 % des cas. Ainsi, on doit pouvoir passer d’une orientation subie à une orientation choisie », détaille la représentante des Hauts-de-France.
D’autres régions, comme l’Île-de-France ou Bourgogne-Franche-Comté (lire sur AEF info) proposent des outils comme des casques virtuels qui aident les élèves à se représenter un métier dans son environnement.
Éviter les « querelles de chapelles » entre Education nationale et Régions
Autre levier pour améliorer l’accompagnement à l’orientation : une meilleure coordination Éducation nationale-Régions (lire sur AEF info). « Nous ne devons pas être sur des querelles de chapelle ! », expose le vice-président éducation, orientation, jeunesse et sports de la région Occitanie, Kamel Chibli. « Régions – Éducation nationale, même combat ! Nous voulons tous garantir aux jeunes un avenir. Nous sommes déterminés à trouver des solutions et à travailler main dans la main avec l’Éducation nationale », assure-t-il.
La directrice générale de l’Onisep, Frédérique Alexandre-Bailly, insiste elle aussi sur la nécessité de bâtir un « écosystème régional » de l’information et de l’orientation. « Il faut que tous les acteurs – régions académiques, Onisep et l’ensemble des partenaires (entreprises, associations…) – travaillent ensemble pour avoir les actions les plus efficaces », souligne Frédérique Alexandre-Bailly.
Pour Sophie Cruz, conseillère régionale et présidente de l’Agence de l’orientation Auvergne-Rhône-Alpes, c’est d’ailleurs « le fait d’avoir associé l’Éducation nationale, en amont de la création de l’agence, qui a permis la montée en puissance de dispositifs efficaces ». Elle cite par exemple le « bus de l’orientation », mis en place dans cette région, qui informe les élèves sur les métiers et l’orientation (lire sur AEF info).
Dans leur Livre blanc présenté début mars en vue de l’élection présidentielle, les régions réclament la place de chef de file de l’orientation professionnelle des jeunes et le transfert aux régions de l’ensemble des moyens relatifs à cette compétence (lire sur AEF info). Interpellé sur cette demande, le Dgesco, Édouard Geffray, ne se prononce pas en invoquant son devoir de « réserve en cette période électorale ». Il souligne toutefois que « tout ce qui rend possible le travail commun participe de l’amélioration du système ».
(1) En partenariat avec AEF info et La Tribune.
(2) Organisée dans le cadre des heures dédiées à l’orientation et dans la continuité des semaines de l’orientation, l’édition 2022 du Printemps de l’orientation se déroule du lundi 14 au mercredi 16 mars 2022.
Article issu de l’AEF Info – Consulter l’article