Occitanie: la plateforme Solidarité Occitanie Alimentation plébiscitée
Plus de 3.000 professionnels référencés et 300.000 particuliers connectés à la plateforme Solidarité Occitanie alimentation en moins d’une semaine : preuve que le projet fait sens.
Pour vos achats de première nécessité, la Région crée une plateforme digitale qui rassemble producteurs et commerçants d’Occitanie qui se mobilisent pour vous livrer à domicile. En consommant régional, vous participez à préserver des emploisCarole Delga, Présidente de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée
Créée par la Région Occitanie, en réaction aux mesures de confinement prises face à l’épidémie du Covid-19, la plateforme solidarite-occitanie-alimentation permet aux particuliers de découvrir des producteurs et commerçants d’ici. Ces professionnels de l’agriculture, de l’agroalimentaire et des commerces alimentaires livrent leurs produits à domicile.
Une occasion de ravir les papilles sans bouger, et de soutenir les filières économiques locales. « Plus que jamais, l’économie régionale a besoin de notre solidarité. Restons chez nous, les producteurs locaux et commerçants de proximité s’organisent pour nous livrer à manger. Tous ensemble, nous pouvons soutenir leur activité en consommant local », déclare Carole Delga, présidente de la Région Occitanie.
Face au succès rencontré, la plateforme devrait continuer à fonctionner au-delà de la crise sanitaire. Depuis début avril, un nouveau module permet la mise en relation directe entre producteurs et GMS (grande distribution). Les Visages de l’économie ont rencontré deux professionnels engagés dans la démarche.
Guivarc’h : les produits de la mer au Min de Toulouse
« Je souhaiterais que la plateforme ne se limite pas à la crise du Covid-19. Il y a quelque chose à faire avec les particuliers, il faut saisir l’occasion ! », s’enthousiasme Boris Gourgue, directeur général de Guivarc’h, grossiste en produits de la mer.
Implanté au marché d’intérêt national (MIN) de Toulouse Métropole, Guivarc’h est propriétaire de la bien nommée marque ‘Les Criées Occitanes’, allusion aux criées des ports régionaux de Sète et de Port-la-Nouvelle, où elle va se fournir. Adhérente à la marque régionale Sud de France, l’entreprise compte trois restaurants dans la Ville rose : La Cabane, Le Cabanon et O Cochon qui fume. Des établissements aujourd’hui à l’arrêt, depuis les mesures de fermeture des commerces et de confinement de la population.
Dans ce contexte, la mise en ligne par la Région Occitanie de la plateforme solidarite-occitanie-alimentation est une aubaine. « Grâce à ce service, nous avons pu capter en trois jours une dizaine de nouveaux clients particuliers, alors que nous sommes d’ordinaire spécialisés dans la livraison de produits de la mer aux seuls professionnels (CHR, restauration collective), explique Boris Gourgue. Dans tout mal, il y a un bien à retirer. Les gens se rendent compte que les entreprises sont capables de fournir des produits locaux et de qualité. Et ils expriment une réelle demande de produits d’Occitanie, et de qualité. »
Des messages d’encouragement reçus
Les livreurs sont masqués et gantés, et les paiements sans contact privilégiés. « La distribution est très sécurisée d’un point de vue sanitaire », rassure-t-il.
L’entrepreneur a lancé un groupe Whatsapp, pour mettre en valeur les produits achetés la veille. « Et ce matin (20 mars, note), tout est parti ! La plateforme génère du bouche à oreille, et crée du lien social. C’est ça qui est excellent. » Les Criées Occitanes livrent des filets entiers jusqu’à 800 grammes chez les particuliers, qui découvrent les joies de la découpe de seiches ou autres loups. « Nous recevons des messages d’encouragement, ce qui est une belle récompense. Le fait que les produits soient entiers est la garantie qu’ils sont issus d’une pêche locale, maîtrisée et responsable. J’aimerais que, demain, une partie de la pêche d’Occitanie soit réservée à la restauration des collectivités et des établissements scolaires », ajoute Boris Gourgue.
La solidarité joue aussi entre locataires du MIN. « Notre voisine fait des paniers de fruits et légumes avec des producteurs de la région toulousaine. Elle ne peut pas livrer les particuliers, faute de logistique. On la dépanne, en croisant nos fichiers. »
La Table de Solange sublime la viande aveyronnaise
En temps normal, La Table de Solange, important éleveur-boucher aveyronnais (30 salariés, pour un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros), ne travaille qu’avec des professionnels. Dont des tables bistronomiques et gastronomiques d’Occitanie : L’Epicurien (Albi), Une Table à deux (Toulouse), The Marcel (Sète), La Table Saint-Crescent (Narbonne), Le Mas de Boudan (Nîmes), Chez Camillou (Aumont-Aubrac)… Autant de clients fermés pendant la phase de confinement. Brice Bousquet (26 ans), avec son frère Lucas (23 ans) et ses cousins Frédéric (47 ans) et Thierry (45 ans), a référencé son entreprise sur la plateforme de la Région, pour proposer aux particuliers des colis de bœuf Aubrac, agneau de Roquefort, veau rosé, cochon Duroc…, ainsi qu’une gamme fromagerie (au lait cru, à la truffe, aux laits de vache et de brebis) ou un mix charcuterie-fromage. Le résultat est au-delà des espérances initiales. « Nous recevons des dizaines de commandes tous les jours », se félicite Brice Bousquet.
Les réseaux sociaux connectent l’établissement à la clientèle urbaine
Sur le compte Instragram LatabledeSolange12, sont publiées des photos de clients en train de recevoir les produits, principalement dans les métropoles de Toulouse et Montpellier. « Ce sont des gens qui ont moins accès à nos produits, et qui sont friands d’e-commerce. » La livraison est assurée par Chronofresh, service de transport express de La Poste pour la livraison de produits frais en moins de 48 heures.
L’entrepreneur juge « énorme » (sic) la plateforme mise en place par la Région Occitanie. « Parmi les Régions françaises, l’Occitanie a été la première à porter ce type d’initiative », souligne-t-il. Autre plateforme web utile, agrilocal.fr, qui met en relation les producteurs locaux et les collectivités locales, par un système d’appel d’offres simplifié. « C’est rapide, sans paperasse, et on peut atteindre par ce biais des petits marchés qui, avant, étaient attribués selon le seul critère du prix. Or, nous sommes là pour valoriser nos produits, pas pour les brader. »
Pas de doute : à la ferme de Lariès (commune de Cassagnes-Bégonhès), la famille Bousquet, qui perpétue l’activité d’élevage et de boucherie depuis 7 générations, sait ce qu’elle veut, et ce qu’elle vaut !
Nouvel atelier de découpe
Exploitée par la SARL Agriviande, La Table de Solange (qui n’est pas un restaurant, contrairement à ce que l’on pourrait croire) exploite deux ateliers de découpe. Un troisième, dédié aux cochons, va être construit. Surface : 600 m2.
L’investissement, d’environ 1 million d’euros, sera en partie financé par une subvention de la Région. Pourquoi ce 3e atelier ? « Nous sommes à l’étroit, et c’est compliqué de croiser des espèces différentes – bœufs, agneaux, veaux, cochons… Par ailleurs, cet atelier permettra de développer une activité de saucisserie, que l’on sous-traite à ce jour. » Les travaux devraient commencer en juin, pour une livraison en fin d’année. Les deux autres ateliers sont dédiés aux bœufs, veaux et agneaux pour l’un, et à la branche charcuterie-fromage pour l’autre.
Une attente palpable des consommateurs
« On a toujours cru dans notre histoire, dans la valeur de nos produits ! », s’exclame Brice Bousquet. Des produits inscrits dans une longue tradition familiale : sa grand-mère Solange, dont l’entreprise porte le nom, l’a « initié au goût des bonnes choses ». Si la tendance ‘locavore’ (consommation de produits locaux) était « peu présente il y a dix ou vingt ans, aujourd’hui, une frange importante des consommateurs attend nos produits, riches d’une histoire. Les gens sont à écoute, veulent davantage comprendre ce qu’ils mangent, comment les animaux sont élevés…
Les réseaux sociaux nous aident à expliquer, par exemple, pourquoi notre veau est rosé. C’est parce qu’il va dans les champs, mange de l’herbe et des céréales ». La Table de Solange reçoit par ailleurs, chaque semaine, des chefs en quête de produits nobles.