Occitanie: avec Easycov, la Région en pointe contre le coronavirus
Une équipe de chercheurs de Montpellier, associée à l’entreprise Vogo, s’apprête à lancer EasyCov, premier test salivaire rapide et indolore pour identifier les personnes atteintes de la Covid-19. Soutenu par la Région Occitanie, ce projet marque une avancée majeure dans la lutte contre l’épidémie.
Frugal, indolore, rapide, facile à mettre en œuvre et à lire : EasyCov, le test salivaire de dépistage du SARS-CoV-2 mis au point à Montpellier, a tout pour plaire. Commercialisé dans les prochains jours, il marque une avancée majeure dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19.
Mis au point par l’équipe de scientifiques du laboratoire Sys2Diag à Montpellier, il emploie peu de réactif et quasiment aucune machine. Un simple échantillon de salive du patient suffit et le résultat se lit à l’œil nu, en une heure seulement. Loin du douloureux test PCR nasopharyngé, qui nécessite plusieurs heures pour interpréter le résultat, par des personnels qualifiés et exposés lors du prélèvement.
Un test de terrain
« Nous avons élaboré un test simple, explique Franck Molina, directeur de l’unité mixte Sys2Diag [1], qui doit fonctionner partout et tout le temps. Ce n’est pas un autotest que les gens pourront faire seuls mais un test de terrain. » Ses applications ?
Complémentaire du test PCR, EasyCov permettra le dépistage à grande échelle de la population. Notamment l’hiver prochain, quand il s’agira de distinguer grippes, rhinites et autres toux de la Covid-19. « Nous recevons des appels du monde entier, reprend Franck Molina, Brésil, Arabie Saoudite, Taïwan. L’armée française a déjà passé commande. »
« De nombreux secteurs sont concernés, renchérit de son côté Christophe Carniel, dirigeant de l’entreprise montpelliéraine VOGO. L’événementiel, les transports, ou encore le milieu du sport, tout particulièrement les sports collectifs et de contact comme le rugby ou le football. » Partie prenante au projet, VOGO [2] développe le versant numérique d’EasyCov. Dont l’application qui permet de scanner les résultats pour les centraliser sur une base de données sécurisée.
Une aventure humaine
- Si l’étude clinique du test, menée au CHU de Montpellier depuis le 11 avril, a produit des résultats très satisfaisants – « comparables à ceux du test PCR » précise Franck Molina, le projet a donné des sueurs froides aux équipes mobilisées. « Notre laboratoire n’est pas spécialisé dans la Covid-19 mais dans le diagnostic de demain et dans l’innovation, complète Franck Molina. J’avais toutefois une vision très claire de là où nous devions aller. » Il constitue rapidement une équipe de douze personnes, travaillant jour et nuit, y compris le week-end. Tout se fait en même temps, la recherche comme l’industrialisation, une des forces de cette unité mixte. Une véritable aventure humaine. « Ici, nous portons des projets de science-fiction, nous allons où c’est dur, nous sommes une équipe commando » lance le directeur du laboratoire.
Même mobilisation des partenaires, chez VOGO notamment. Avec le confinement, l’événementiel s’arrête, le carnet de commandes de la PME se vide. Christophe Carniel, qui connaît Franck Molina de son passé de président de Transferts-LR [3] , est appelé par le chercheur. « Il avait besoin d’une solution digitale, nous avions les briques technologiques. » Douze salariés de VOGO se mettent alors à travailler sur le projet, jour et nuit également, évitant le chômage partiel. « Nous avons fait en trois mois ce qui aurait dû prendre deux ans ! » témoigne le chef d’entreprise. Mais au prix d’un énorme risque.
L’aide de la Région pour « dérisquer » l’investissement
Au lancement du projet, aucun des partenaires [4] ne savait si ce test fonctionnerait mais tous ont dû réagir vite. « Nous n’avons pas réfléchi comme nous réfléchissons habituellement, explique Christophe Carniel. C’était un défi, l’occasion de contribuer à la lutte contre l’épidémie, une opportunité mondiale. » Et un lourd engagement financier pour tous, près de trois millions d’euros à ce jour. Contactée par l’équipe projet, la Région se mobilise en urgence elle aussi. Une subvention de près de 240 000 euros est accordée au laboratoire, un Pass rebond de 200 000 euros vient soutenir VOGO. « Cette aide nous a permis de « dérisquer » l’investissement » expliquent à l’unisson le chercheur et l’entrepreneur. De réduire les risques, pour avancer dans le projet. Une bouffée d’air au moment où le groupe de laboratoires de biologie médicale Innovie rejoint le projet pour en assurer la distribution. Avec la validation du marquage « CE » dans les prochains jours, EasyCov est prêt à lutter contre l’épidémie.