Sud: la Tour Luma, nouveau totem d’une culture qui rayonne
En Région Sud, la Tour Luma à Arles a ouvert ses portes. Pièce maitresse du grand campus dédié à l’art et la création, ce géant d’acier offre un spectaculaire totem saluant la rencontre de la culture et de l’histoire dans une ville où l’on imagine demain.
Du haut de ses 56 mètres la Tour Luma s’élève au milieu de la Camargue et de la plaine de la Crau. Elle regarde ses ainés du centre ancien, les yeux dans les yeux avec le clocher du couvent des Cordeliers, aujourd’hui collège Saint-Charles, qui la dépasse d’un petit mètre.
L’iconique Tour Luma, élément central du grand projet d’aménagement du Parc des ateliers lancé en 2013, voit enfin le jour. Le projet dans son ensemble est porté par Luma Arles, entité qui rassemble les activités de la Fondation Luma présidée par Maja Hoffman. Luma Arles a également pour vocation de développer et de gérer le Parc des Ateliers.
L’ensemble se compose de la Tour Luma conçue par l’architecte Frank Gehry, de cinq bâtiments industriels réhabilités par l’architecte Annabelle Selldorf, des jardins et d’un parc public dessinés par l’architecte de paysages Bas Smets. Ce projet est né d’une volonté claire : intégrer l’art dans des lieux de vie, le faire dialoguer avec l’histoire.
Peindre le paysage avec l’architecture
C’est ce qui a animé le concepteur de la Tour, Frank Gehry. Cet amoureux de la région de longue date, a tenu à façonner un bâtiment impressionniste comme un hommage à l’œuvre de Van Gogh. L’idée commence a germé en 2005, suite à la rencontre entre Frank Gehry et Maja Hoffman lors du tournage du film de Sydney Pollack, sketches, un portrait sur le déjà très célèbre créateur du musée Guggenheim de Bilbao. Maja Hoffman fait appel à lui car elle apprécie sa capacité à penser en formes libres, à mêler art contemporain et architecture.
Frank Gehry a imaginé un édifice vivant, captant le jeu des lumières du sud autant que les couleurs de ses paysages et ses reliefs parfois abruptes. Dans ce haut lieu de l’image qu’est Arles, il explique qu’il a voulu peindre avec l’architecture : “Nous voulions évoquer l’ancrage local depuis “La Nuit Étoilée” de Van Gogh à l’émergence des blocs rocheux des Alpilles. La rotonde quant à elle fait écho aux arènes romaines.”
La rotonde en verre de 54 mètres de diamètre coiffant le rez-de-chaussée de la Tour montre que l’histoire antique de la ville est très présente dans son œuvre. Le site qui était autrefois un immense cimetière antique se trouve à proximité de plusieurs monuments et vestiges classés au patrimoine de l’UNESCO comme les arènes, le théâtre antique ou les thermes de Constantin.
La Tour Luma a pour vocation d’accueillir des espaces de présentation et d’exposition, d’archives, une bibliothèque, des bureaux, des salles de séminaires et un café-restaurant.
Ancré dans l’histoire, tourné vers demain
Autour de cet édifice central, les réhabilitations menées par Annabelle Selldorf montrent que la richesse du patrimoine industriel et ferroviaire arlésien, qui a lui aussi fortement marqué l’histoire de la ville, n’a pas été oublié. Les Ateliers ont occupé une place importante dans l’essor du chemin de fer français. En pleine révolution industrielle, les premiers ateliers de la Compagnie de chemin de fer de l’axe Paris-Lyon-Marseille (PLM) ont été construits à l’emplacement de l’ancienne nécropole. Ils deviendront par la suite le poumon économique d’Arles. A l’apogée de son développement dans les années 20, le site comptait jusqu’à 1800 ouvriers, tandis qu’à sa fermeture définitive en 1984, il n’en restait plus que 60.
Avec la Grande Halle rénovée en 2007, notamment grâce au concours de la Région, cinq bâtiments industriels ont été restaurés : les Forges, la Cour des Forges, la Mécanique Générale, la Formation, le Médico-social. Espaces d’exposition, de conférences, résidences d’artiste, ateliers, mais aussi maison d’hôtes, la vocation de ces bâtiments est multiple mais l’art et la création restent toujours au centre.
Une destinée qui s’est imposée sur ce site il y a longtemps déjà. En effet, peu de temps après la fermeture des ateliers en 1986, les espaces en friche sont investis par la photographie avec le Festival international les Rencontres d’Arles. Cette extension permet alors au festival d’entrer dans une nouvelle dimension en bénéficiant d’espaces d’exposition dignes des grands musées. En 2019, Luma Arles propose aux Rencontres d’Arles de disposer toute l’année de l’un des espaces rénovés au sein du Parc des Ateliers. Ainsi, le site permet de dynamiser l’offre culturelle de la ville en offrant la possibilité d’une programmation permanente d’expositions et d’évènements hors saison estivale.
© Rémi Benali
La dimension durable du projet n’a pas été mise de côté. Pour une fondation qui a à cœur de soutenir des créations artistiques qui participent à mieux comprendre les enjeux liés au climat, aux droits humains, à l’éducation et à la culture, la dimension éco-responsable de ce campus créatif était une évidence. Ainsi, l’énergie nécessaire au site sera produite grâce à des ressources naturelles et renouvelables, notamment de d’huile de tournesol provenant de l’agriculture camarguaise ainsi que d’huile végétale usagée. Cette huile est collectée dans les restaurants et cantines du Pays d’Arles grâce à une filière locale.
Anne-Sophie LEBON
© Rémi Benali
Le projet en chiffres
– Le bâtiment est le premier immeuble de grande hauteur (IGH) construit à Arles depuis l’hôpital Joseph-Imbert achevé en 1974.
– La Tour conçue par Frank Gehry s’élève sur neuf étages et représente une surface de 25 000 m².
– 11 500 briques composent la façade de La Tour. Elles ont été fabriquées dans un acier inoxydable spécialement traité pour éviter d’éblouir.
– Le jardin occupe un peu plus de trois hectares et demi de terrains (36.000 m² exactement).
– Les chantiers du Parc des Ateliers ont permis de créer l’équivalent d’une centaine d’emplois.