Hauts-de-France: sept nouvelles plateformes territoriales Proch’Emploi
L’emploi est la priorité numéro un de la Région Hauts-de-France. Depuis le 5 janvier 2016, de nombreux dispositifs ont été mis en place, d’une part pour soutenir les entreprises, d’autre part, pour accompagner les demandeurs d’emploi dans leurs recherches.
Parmi ces dispositifs, les plateformes territoriales Proch’Emploi jouent un rôle déterminant. Situées au cœur des bassins d’emploi, elles ont vocation à créer des circuits courts, autrement dit, favoriser le contact direct entre les entreprises et les demandeurs d’emploi.
“Beaucoup de demandeurs d’emploi n’ont pas accès aux offres d’emploi et surtout, ils n’ont jamais l’opportunité de rencontrer des recruteurs, souligne Ellen Van den Broek, directrice de la Mission Proch’Emploi à la Région. De leur côté, les chefs d’entreprise ont du mal à recruter car ils ne trouvent pas toujours les bons profils. Le rôle des plateformes est d’offrir un service aux entreprises qui veulent recruter, et de donner la possibilité à des candidats motivés, d’entrer en contact avec les recruteurs.”
Une plateforme territoriale, comment ça marche ?
Les plateformes territoriales fonctionnent sur le principe du réseau. Elles sont animées par deux personnes, qui travaillent en réseau avec les chefs d’entreprise de leur secteur géographique, en partenariat étroit avec les opérateurs traditionnels que sont Pôle Emploi et les missions locales. Leur rôle est double : d’un côté elles vont à la pêche aux offres d’emploi cachées (trois offres sur quatre ne transitent pas par Pôle Emploi), de l’autre, elles présélectionnent des candidats qui pourraient convenir pour ces offres, et les présentent aux entreprises.
Chaque plateforme est co-présidée par un chef d’entreprise. Pierre Lobry, dirigeant du groupe Orthos à Arras (800 personnes dans le domaine du bâtiment), co-préside la plateforme territoriale Proch’Emploi d’Arras. “Le rôle du co-président, est de trouver des chefs de file métiers dans les différents secteurs d’activités du territoire, explique-t-il. La plateforme d’Arras compte 15 chefs de file métiers, notamment dans l’agroalimentaire, la logistique, les métiers liés au tourisme… Ils animent un réseau de 90 entreprises.”
Le circuit court, ça marche !
Régulièrement, la plateforme territoriale d’Arras organise des rencontres entre des chefs d’entreprises et des demandeurs d’emploi, réellement motivés. “Ces rencontres sont de vrais moments d’échange, souligne Pierre Lobry. Elles permettent de casser les codes et donnent l’occasion aux jeunes qui n’ont jamais travaillé de mieux comprendre les attentes des recruteurs. De notre côté, cela nous permet aussi de revoir parfois nos exigences. Deux-tiers des personnes que nous avons reçues lors d’une douzaine de rencontres ont retrouvé du travail.”
Pour aller encore plus loin, la plateforme territoriale d’Arras a imaginé le Blablajob : un dirigeant accepte de recevoir dans son entreprise trois jeunes avec des profils très différents. Pendant deux ou trois semaines, ces jeunes disposent d’un bureau et peuvent rencontrer les salariés du service auquel ils ont été affectés. Les contacts se nouent, les salariés activent leur réseau. “Nous avons fait un test avec quatre groupes, soit 11 demandeurs d’emploi. Blablajob a généré 83 entretiens de réseau, 59 entretiens de recrutement et 27 propositions d’embauche ! Aujourd’hui les 11 jeunes ont du travail”, se réjouit Bruno Lobry.
Un retour sur investissement pour les entreprises
En retour de leur investissement dans cette démarche, les entreprises bénéficient d’un réel service. En lien avec Pôle emploi et les missions locales, les plateformes territoriales analysent finement leurs besoins en personnel et présélectionnent des candidats. Elles peuvent également, via le Pass Formation mis en place par la Région, proposer une formation complémentaire aux futurs embauchés si nécessaire, ou proposer aux entreprises d’avoir recours aux autres aides de la région, par exemple pour développer une nouvelle activité ou financer de la recherche.
“Chez Bonduelle, nous avions un réel problème de recrutement, explique Thierry Baptiste, Directeur des ressources humaines. Une de nos plus grosses usines est située dans la Somme dans un secteur où il y a beaucoup de demandeurs d’emploi. Chaque année nous recrutons plusieurs dizaines de saisonniers, mais nous ne trouvons pas les personnes ayant la qualification nécessaire, notamment en hygiène et sécurité. Grâce à l’intervention de la Région, via le chèque pass Formation, nous avons pu mettre en place une certification et former 120 personnes que nous recrutons actuellement. Et si un jour ces personnes veulent aller travailler chez un autre employeur, dans le secteur agroalimentaire, cette certification leur sera utile.”
Sept nouvelles plateformes d’ici janvier 2017
Le 13 octobre dernier, le Conseil régional avait acté le principe de mailler la région avec 21 plateformes territoriales Proch’Emploi. 14 plateformes existent déjà, dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Réunis en commission permanente le 8 novembre, les élus ont voté une enveloppe de 583 330 euros pour la mise en place de cinq plateformes territoriales dans l’Oise (Beauvais, Compiègne, Creil) et la Somme (Abbeville et Amiens), qui s’ajoutent à la création de 2 plateformes hébergées dans des Espaces Cadres dans l’Aisne (Saint-Quentin et Soissons).
“Nous voulions recruter 26 apprentis mais nous ne trouvions pas les bons profils, raconte Thierry Delobelle, directeur chez Véolia (production et distribution d’eau potable). Nous avons fait appel à la Plateforme territoriale Proch’emploi et organisé une demi-journée de rencontre entre des salariés du groupe et des jeunes. Nous avons reçus 200 jeunes avec des profils très intéressants. La plateforme est vraiment un très bon filtre.”