Sud: gagner la bataille pour l’emploi des personnes handicapées
La Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées est l’occasion pour la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur de renouveler l’expression de son engagement pour l’accès des personnes handicapées à la formation et à l’emploi dans un secteur porteur, le secteur sanitaire et du travail social.
La Région Sud a décidé avec ses partenaires, l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des handicapés PACA Corse et le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique, d’encourager l’accès à ces formations dans le cadre de la convention « Gagner la bataille pour l’emploi des personnes handicapées ». Avec elle, les instituts de formation sanitaires et sociaux qu’elle agrée, se sont dotés de référents handicap pour accompagner et faire évoluer l’accueil de ces personnes et se sont engagés à mettre en place toutes les conditions nécessaires pour faciliter le déroulement de leur formation.
Gaëlle, Thomas, Salim trois parcours de vie. Trois témoignages riches d’enseignements, qui donnent du sens à la notion d’inclusion.
Gaëlle, l’aide-soignante
A 36 ans, Gaëlle est aujourd’hui aide-soignante. Pourtant, après son baccalauréat, elle avait été orientée vers la comptabilité. Mais c’était sans compter sur son attirance pour les métiers de la santé et sa ténacité.
Après des stages en maison de retraite et à l’hôpital Sainte-Anne, Gaëlle est confortée dans sa décision : elle s ’inscrira au concours d’aide-soignante. Elle tente alors sa chance à l’Institut de Formation Varois des Professions de Santé (IFPVPS). Elle est admise. Soutenue par l’Institut, les autres élèves et sa famille, Gaële s’accroche à son rêve et finit par décrocher son diplôme en juillet dernier grâce à son travail acharné et sa volonté inébranlable. Aujourd’hui, elle travaille dans une maison de retraite à Toulon. Gaëlle est sourde. « Le souvenir de ma grand-mère m’a fait presque naturellement m’orienter vers le métier d’aide-soignante parce qu’il me rapproche des personnes âgées auprès de qui je me sens bien et qui, d’une certaine manière, me la rappelle. Devenir aide-soignante a été un véritable parcours du combattant. On a souvent tenté de me dissuader en essayant de me convaincre qu’avec mon handicap, il m’était impossible d’exercer ce métier. J’ai été confrontée au regard des autres élèves, à celui des jurys aux examens… Mais ça, j’y suis habituée depuis toujours et je sais montrer que je ne suis pas si différente que les autres finalement. La grande difficulté a été de suivre les cours avec un interprète. On n’imagine pas ! Cela demande une très grande concentration, c’est extrêmement fatiguant. »
Thomas, l’infirmier
Thomas est étudiant infirmier en dernière année à l’Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) de Sainte Marguerite à Marseille. Il est malentendant profond.
« Malgré toutes mes difficultés, je suis fier de mon parcours. Je sais que je mènerai toute ma vie un combat pour minimiser ces difficultés. En tous cas, je sais que je suis bien entouré et soutenu et qu’il ne faut jamais baisser les bras : les efforts payent à un moment ou à un autre. Etre handicapé ne veut pas dire que l’on doit rester à la maison et ne rien faire, être dépendant de la société ou de la famille. On peut très bien se débrouiller et travailler ! ». Thomas bénéficie d’un accompagnement pour suivre ses études. En attendant d’obtenir son diplôme, il travaille en qualité d’aide-soignant. Il ne cache pas qu’il est parfois confronté à certaines difficultés mais trouve toujours des solutions : pas facile de comprendre collègues et patients lorsque certains soins nécessitent le port d’un masque et qu’il lui est donc impossible d’utiliser la lecture labiale, idem lorsqu’il s’agit d’utiliser le stéthoscope… L’intervention d’un tiers est nécessaire. Sa plus grande fierté ? Sa relation avec les patients ! Si de prime abord, être pris en charge par un infirmier sourd peut en dérouter certains, très vite l’étonnement laisse place à l’admiration face à ce jeune homme bienveillant, drôle, dynamique et ultra-professionnel !
Salim, le militant
Il a tout juste 30 ans et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a déjà eu plusieurs vies.
« Tout ce que je fais c’est pour montrer que je ne suis pas si différent malgré mon état physique. Je veux être accepté pour ce que je suis et non pas pour ce que je parais ! J’aimerais voir un jour dans les yeux des autres le reflet de l’égalité ». Tour à tour coach pour aider des boxeurs (dont le champion d’Europe poids mi-lourd en boxe anglaise, Mehdi Amar ou Cyril Abidi champion du monde poids lourd kick-boxing) à se préparer mentalement aux combats et co-fondateur de l’association « Handiboxe », Salim s’est aussi essayé au rap. Passionné de musique, il a intégré l’association « Sound Music Cool Be Vice » dans laquelle il a œuvré à sensibiliser les jeunes au monde du handicap à travers l’animation d’ateliers d’écriture. En créant sa propre association « Et si le Rap rimait avec Handicap », il a eu l’occasion de rencontrer et de travailler avec des artistes tels que Psy4 de la Rime ou encore l’Algerino avec qui il a écrit une chanson inspirée par sa propre vie « Force et honneur ». En véritable activiste, Salim a également participé à de nombreux colloques en France et à l’étranger sur des thématiques portant aussi bien sur le commerce équitable, la sexualité, la citoyenneté, la dépendance. Aujourd’hui, Salim intervient au sein de l’Institut Régional du Travail Social (IRTS) sur des formations d’éducateurs spécialisés. Pour le moment vacataire, il a pour projet de passer du simple « témoignant » à celui de formateur. Accompagné par les membres de l’IRTS, nul doute que Salim, handicapé moteur cérébral, va une fois de plus relever ce défi.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les métiers du secteur, l’édition 2018-2019 du guide des formations sanitaires et du travail social est accessible sur le site internet de la Région en cliquant ici
Sophie Ghyoot –