Vers la disparition de l’apprentissage en dehors des grandes villes
A l’occasion du déplacement du Président de la République mercredi 14 mars 2018 dans la Région Centre-Val de Loire, axé sur les thèmes de l’apprentissage et de la formation, Régions de France tient à rappeler les risques majeurs de disparition de toute offre de formation en apprentissage dans des pans entiers du territoire (zones rurales, zones de montagne, quartiers sensibles).
La réforme de l’apprentissage annoncée par le Premier ministre le 9 février dernier risque de déboucher sur la fermeture d’un grand nombre des centres de formation des apprentis (CFA), sur la base des estimations effectuées par les Présidents de Régions et de Collectivités d’Outre-mer.
Alors que tout le monde reconnaît que l’apprentissage est la voie d’accès privilégiée vers l’emploi durable, cela signifie que des dizaines de milliers de jeunes ne seront plus en mesure de choisir la formation garantissant leur insertion professionnelle. Cette réforme de l’apprentissage serait donc un coup terrible porté au devenir de nos territoires et à l’avenir de nos jeunes.
Cette réforme repose sur deux piliers : privatisation de cette politique publique relevant actuellement des Régions en la confiant aux branches professionnelles et mise en place d’un système de financement au contrat décidé au niveau national avec un coût unique imposé.
Une usine à gaz
Outre le fait que ce financement constituera une véritable « usine à gaz » (dans le périmètre à prendre en compte, dans le choix des critères de détermination des coûts…), il va entrainer la disparition à terme de très nombreux CFA. En effet, si quelques CFA (ceux gérés par les grandes branches professionnelles et situés dans les agglomérations) sauront trouver un modèle économique soutenable, tous les autres ne pourront plus s’autofinancer.
Ces CFA fragilisés par la réforme ne pourront plus solliciter des financements auprès des Régions. La centralisation excessive de l’apprentissage, les faibles marges de manœuvre notamment financières laissées aux Régions ne permettront en effet pas de mener une politique réelle d’aménagement du territoire pourtant nécessaire au maintien des CFA dans les zones à faible densité démographique. Cela conduira à un assèchement de l’offre de formation pour beaucoup de nos compatriotes.
Dans les Régions et les collectivités d’outre-mer qui sont confrontées à un taux de chômage des jeunes particulièrement élevé, les branches professionnelles n’auront pas la capacité à organiser l’apprentissage, qui risque de disparaître totalement.
Régions de France continuera de défendre une réforme alternative de l’apprentissage, permettant à la fois de préserver le caractère public de cette formation initiale et d’y associer encore plus étroitement les branches professionnelles et les milieux économiques (chambres consulaires…).