Les organisations financières 4.0: quels défis pour le secteur public?
La digitalisation des échanges est à l’œuvre depuis quelques années au sein du secteur public. Ce mouvement de fond n’est pas sans conséquence sur les fonctions de l’interne qui doivent également se transformer. De par son caractère central et transversal, la fonction financière s’avère profondément bouleversée. Au travers de cette étude, illustrée d’un questionnaire auquel 66 décideurs financiers du secteur public ont répondu, le cabinet EY et Régions de France ont cherché à éclairer les grandes tendances d’évolution de la fonction financière au sein du secteur public local, en mesurant les impacts de ces transformations : concentration, professionnalisation, pilotage, contrôle interne sont aujourd’hui des sujets à l’ordre du jour.
La dématérialisation est poussée par un cadre réglementaire ambitieux qui s’impose notamment aux collectivités. Si le pli de la dématérialisation est déjà pris par ces dernières (70% des décideurs financiers interrogés affirment dématérialiser leurs pièces justificatives), une marche reste à franchir pour atteindre le « zéro papier » dans les échanges avec le payeur : la dématérialisation totale des PJ en dépenses n’est atteinte que dans 14% des cas chez les entités interrogées. A la clé, une plus grande efficience administrative, une amélioration significative de la relation fournisseur mais aussi du service rendu aux usagers.
Les organisations financières publiques à l’heure du digital portent la marque d’une concentration plus forte de la fonction financière, avec un regroupement des tâches autour d’un nombre plus restreint d’acteurs. On observe ainsi une réception et un enregistrement centralisés des factures au sein de cellules dédiées, la montée en puissance du métier d’acheteur avec la constitution de directions des achats, ou encore la création de cellules « tableaux de bord ». La direction des finances est de son côté recentrée sur de nouvelles tâches (animation du réseau, administration du système d’information, conduite du changement), avec l’évolution des formes de contrôle. Ces tendances impliquent de mener une réflexion sur les outils qui sous-tendent l’organisation et les processus : chaînes de visas dématérialisées, système d’information décisionnel ou encore parapheur électronique.
Le directeur financier de demain devra par ailleurs agir face à 4 forces : la transformation digitale, marquée par l’essor de l’automatisation robotique des processus (RPA), le big data, au sein duquel les données financières jouent un rôle central, la maîtrise des risques et des mutations et les relations avec les parties prenantes : le comptable ou payeur tout d’abord, mais aussi de manière plus large les institutions centrales et européennes, ou encore les banques et observateurs financiers. Dans ce contexte, les directions financières publiques doivent nécessairement intégrer de nouvelles compétences : gestion du big data (analyse des données), cybersécurité, capacité à proposer des prévisions financières fiables et à garantir la qualité comptable et accompagnement de la transformation des métiers en lien avec l’arrivée du digital.
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