mercredi 29 mars 2023
27 septembre 2018

L’appel de Marseille pour les libertés locales

Les Maires, les Présidents de Région et de Département ont lancé mercredi 26 septembre un appel solennel pour une relance de la décentralisation, lors du Premier Rassemblement des élus pour les libertés locales, conclu par le Président du Sénat Gérard Larcher. Ce Rassemblement inédit s’est tenu à la veille du 14e Congrès des Régions au Palais du Pharo à Marseille.


Voici le texte de la déclaration de Marseille:

 

“Nous, élus de la République, unis dans la diversité de nos histoires et de nos sensibilités politiques, lançons aujourd’hui à Marseille un appel solennel pour les Libertés locales et constituons une association nous réunissant : les Territoires unis.

“Au moment où les peuples grondent, partout en Europe, contre leurs classes dirigeantes, où la capacité du Gouvernement à réformer le pays est mise en doute par les Français, la République des territoires, elle, n’a toujours pas été tentée en France.

“Tous les défis d’avenir de notre pays, qu’il s’agisse de la transition énergétique et écologique, de la recherche d’un nouveau modèle agricole ou encore de la réindustrialisation de notre pays par les Petites et Moyennes Entreprises (PME) et les Entreprise de Taille Intermédiaire (ETI) supposent un puissant mouvement de décentralisation. C’est la force de tous nos voisins européens. C’est également au plus près du terrain, que se mènent au quotidien, avec nos collectivités et nos associations, la bataille contre la pauvreté, l’accompagnement des personnes les plus vulnérables, notamment handicapées, ou encore l’accès au logement et à la culture.

Notre pays meurt à petits feux de son ultra-centralisation. Que l’on ne s’y trompe pas, nous sommes d’authentiques républicains attachés à l’unité de notre pays, à ses institutions, mais nous ne pouvons plus accepter la prise de pouvoir et le mépris de plus en plus flagrant d’une technocratie, enfermée dans ses certitudes et coupée de nos territoires et de nos vies.

L’avenir de la France ne peut se résumer à quelques métropoles. Comme le disait Gaston Defferre, « la France est dans nos villes, dans nos villages. Elle aspire à tenir sa place, à être considérée, à jouer son rôle, à choisir son destin. Il est injuste et dangereux de la maintenir sous le boisseau, de l’empêcher de s’exprimer, de décider pour elle-même ».

Au plus près du terrain, des élus colmatent les fractures de notre pays, portent l’essentiel de l’innovation et de l’investissement publics, maintiennent une qualité de vie et répondent avec toujours moins de moyens aux préoccupations quotidiennes de nos concitoyens. Le nombre inégalé de démissions de ces serviteurs désintéressés de notre pays doit aujourd’hui tous nous alerter.  Il est temps d’entendre leur demande de considération et de faire cesser les causes de leur découragement.

Loin d’être une quelconque menace pour la République, la décentralisation en est une des chances. Ce qui la mine, c’est l’ultra-concentration parisienne, ce sont les promesses non tenues d’un Etat thrombosé, c’est l’impression que l’avis des territoires ne compte pas, que les élus locaux sont vaguement consultés mais jamais écoutés.

Loin d’être un risque pour l’égalité, la décentralisation en est au contraire l’un des vecteurs modernes. Comment croire qu’une application réglementaire égalitaire et sans nuance à des territoires si divers pourrait encore, comme jadis, être juste ?

Loin d’être un poids pour la performance de notre économie, la décentralisation est le modèle qui permet de rapprocher décisions et investissements des vrais besoins.

Loin d’être un boulet pour les finances publiques, la décentralisation est la condition de la réforme de l’Etat, en supprimant les doublons qui ralentissent le temps de l’action publique.

Gérard Larcher #TerritoiresUnisNous, élus de la République, appelons à l’avènement d’une nouvelle étape de la décentralisation : les libertés locales.

Les libertés locales, c’est d’abord un Etat respectueux des collectivités territoriales et de ses élus.Nous ne sommes pas des opérateurs de l’Etat mais des élus du suffrage universel. Tous les leviers de transformation de la France reposent sur des compétences partagées Etat/collectivités (développement  économique, transition écologique et énergétique, action sociale, mobilités, santé, éducation, numérique, formation, petite enfance…). Nous demandons un agenda partagé de réformes.

Les libertés locales, c’est le choix de l’innovation, du pragmatisme, et du bon sens, par la différenciation. C’est laisser les collectivités expérimenter. Pourquoi nos propositions pour coordonner les politiques de l’emploi, pour remettre à niveau les routes nationales ont-elles été balayées d’un revers de main ? La réforme constitutionnelle doit nous remettre sur le chemin de la République décentralisée.

Les libertés locales, c’est ensuite une concertation sincère entre l’Etat et les Collectivités.  La Conférence nationale des territoires qui n’était qu’un lieu de concertation formelle où l’Etat et les collectivités locales constataient leurs désaccords, est un échec. Il faut désormais inventer l’outil efficace du dialogue et de la négociation.

Les libertés locales, c’est le respect par l’Etat de ses engagements contractuels et de sa signature : la remise en cause des contrats de plan Etat-Régions, le transfert de charges sur les Départements de près de 11 milliards d’euros sur les allocations individuelles de solidarité et les mineurs non accompagnés, l’avalanche de normes et de réglementations sur les communes doivent cesser.

Les libertés locales, c’est la participation équitable de l’Etat aux côtés des collectivités au redressement des comptes publics : d’ici 2022 les collectivités locales vont contribuer à un désendettement de la France à hauteur de 50 milliards, alors que l’État va accroître l’endettement du pays de 330 milliards d’euros. A quand la réforme de l’Etat ?

Les libertés locales, ce n’est pas l’affaire réservée des élus locaux, des Communes, des Départements et des Régions, elle est celle des citoyens, l’affaire de la France, de son avenir et de sa démocratie. C’est un mouvement de tous les territoires unis pour une République décentralisée !

François BAROIN, Président de l’AMF

Dominique BUSSEREAU, Président de l’ADF,

Hervé MORIN, Président de Régions de France

discours Herve Morin Appel de Marseille pour les libertes locales sept 2018

Appel de Marseille pour les libertés locales

 

Partager cet article :

About Anaïs GAUTREAU

  • Email

5 Commentaires

  • Marie BROC RAOUX
    jeudi 27 septembre 2018 - 08h44

    Merci pour ce partage. Tous unis !!!

  • Marie BROC RAOUX
    jeudi 27 septembre 2018 - 08h47

    Merci à tous pour ce partage ! restons unis .

  • Muller alain
    jeudi 27 septembre 2018 - 12h22

    Excellente prestation de l'ensemble des intervenants , bon courage à vous tous . Amicalement Alain Muller

  • Lasselin
    samedi 29 septembre 2018 - 12h00

    C'est très bien de dénoncer l'ultra-centralisation du système administratif français et de demander des compétences supplémentaires pour les collectivités locales. Mais si ces collectivités ne correspondent pas à la volonté des populations qui y vivent, transférer des compétences de Paris à quelques métropoles choisies arbitrairement ne changera rien au caractère technocratique des décisions prises: ce serait seulement un transfert de l'Etat vers quelques "sous-Etats" complètement artificiels. En premier lieu, la réforme régionale de 2015 doit être remise à plat: Paris doit donner aux populations fusionnées de force, qui ont vu leurs identités territoriales bafouées et leurs compétences locales disparaître, la capacité de construire (ou de restaurer) démocratiquement des régions correspondant effectivement à leur identité géographique et culturelle. Alsaciens, Lorrains, Picards, Auvergnats, Franc-Comtois et d'autres sont les oubliés de ce communiqué; ils n'ont rien à attendre d'une décentralisation qui profiteraient à des territoires précédemment recentralisés sans aucun respect pour la démocratie locale.

  • Valentin
    lundi 01 octobre 2018 - 08h42

    Un appel courageux responsable et digne. Sur chaque strate territoriale nous tenons nos responsabilités du peuple par l’election, pas moins que nos représentants nationaux y compris le Président de la République. Sauf erreur nous sommes les seuls à présenter des budgets équilibrés et vivons chaque jour, sans communication média orchestrée la relation avec nos concitoyens. Le temps et l’energie De la plus large partie des élus relève d’un engagement plein à leur mandat et mérite un respect qui n’est plus perçu à son bon niveau et crée du désenchantement pour ne pas dire du dépit vis à vis du pouvoir. La question des fonds européens est un signe fort d’un état qui retient d’une main ce qu’il dit donner de l’autre. Les aléas actuels auraient été identiques si la gestion avait été confiée aux departements, aux EPCI ou aux communes. C’est par une coproduction que nous ferons évoluer notre pays pour son développement et sa population Évitons de donner corps à la formule d’un de nos auteurs « selon que vous soyez puissants ou misérables les jugements de cour vous ........ »

Les commentaires sont désactivés.