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14 janvier 2021

Les économistes Patrick Artus et Olivier Pastré proposent d’accélérer la décentralisation

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Artus, Pastré, crise, économie, covid-19, décentralisationParmi les huit ruptures qu’ils prônent pour sortir de la crise dans leur ouvrage « L’économie post-covid », Patrick Artus et Olivier Pastré proposent accélérer la décentralisation. Les deux économistes étaient auditionnés le 13 janvier 2021 par la Commission des Affaires économiques du Sénat. Nous reprenons ci-dessous le compte-rendu de Localtis, média de notre partenaire la Banque des Territoires.

Parmi les huit ruptures proposées par Patrick Artus et Olivier Pastré, dans leur ouvrage « L’économie post-covid » (Fayard), pour sortir de la crise, la décentralisation occupe une place de premier plan. Les deux économistes – qui renouent avec un exercice qu’ils avaient déjà mené après la crise de 2008 – étaient auditionnés le 13 janvier 2021 par la commission des affaires économiques du Sénat pour détailler leur vision de l’économie française à l’issue de la crise due à la pandémie de Covid-19. « Nous sommes en train de fabriquer beaucoup d’hétérogénéité dans le pays, entre les entreprises, les individus, et les politiques publiques globales répondent très mal à cela », a alerté Patrick Artus, professeur associé à l’École d’économie de Paris et chef économiste de Natixis, durant l’audition. « Par exemple si on baisse les impôts, cela va parfois concerner des personnes qui n’en ont pas besoin. Il faut construire des politiques adaptées, ce qui se fait à travers la décentralisation. » Pour les deux économistes, il est nécessaire d’inverser la tendance qui consiste aujourd’hui à décider au niveau central et à faire appliquer au niveau des territoires. « Il faut que les sénateurs, députés et maires puissent proposer des textes de loi, pour inverser la réflexion », a insisté Patrick Artus.

Relancer les sociétés de développement régional

Olivier Pastré, professeur d’économie à l’université Paris-VIII, a proposé aussi de relancer les sociétés de développement régional (SDR). Ces structures, qui avaient été créées en 1955, avaient pour objet essentiel, comme les sociétés d’investissement, la prise de participation dans des sociétés en création ou en extension. Elles faisaient essentiellement appel à l’initiative privée, et limitaient leur compétence à une région déterminée. Pour l’économiste, ces structures représentent un moyen d’investir à long terme dans des entreprises locales et de répondre ainsi au problème de fonds propres auquel vont devoir faire face un grand nombre d’entreprises. À l’heure actuelle, c’est principalement Bpifrance qui se charge de ce domaine, intervenant en fonds propres dans des entreprises françaises. Mais à part cet acteur, « il n’y a pas d’instrument financier simple pour mettre des fonds propres dans les PME », a précisé Patrick Artus.

Concernant les relocalisations, les deux économistes sont catégoriques. « Nous allons avoir une vague de délocalisations comme en 2009, a ainsi estimé Patrick Artus. On peut toujours subventionner les relocalisations, mais le mouvement spontané sera plutôt dans le sens des délocalisations. Chaque crise freine la croissance potentielle et accélère la désindustrialisation. »

« Un bain de sang » du côté des PME

Les deux économistes alertent aussi sur le « bain de sang » qui risque d’avoir lieu au sein des PME. « Il faut arrêter de dire que l’État peut subventionner indéfiniment tout un nombre de secteurs d’activité, a affirmé Olivier Pastré. Il faut s’attendre en 2022 à une explosion des dépôts de bilan au niveau des PME. » D’après leurs projections, un million de Français vont devoir changer de métier, avec un réel risque de débordement des systèmes de formation actuels. Ce qui amène les économistes à proposer la création d’un « choc de compétences » en multipliant par deux les moyens financiers de la formation professionnelle. « Dans ce domaine, il y a une refonte complète à envisager », a martelé Olivier Pastré. Ils proposent aussi de soutenir les catégories fragiles, en portant notamment une attention particulière aux jeunes. « 800.000 jeunes arrivent sur le marché du travail sans aucun espoir, c’est un vrai sujet. Il faut une rupture, rétablir un minimum de confiance », a affirmé Patrick Artus. L’idée d’un revenu universel jeune est avancée, par l’extension de la garantie jeunes, qui concernent actuellement 150.000 jeunes.

Autres propositions : réaliser une réforme profonde du système de retraite, améliorer les relations au sein des entreprises et le dialogue social, repenser le financement des syndicats, alléger les règles financières et mettre en place une taxe carbone, qui leur semble incontournable.

La vidéo de l’audition sur le site du Sénat

source Localtis

 

 

 

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