9 novembre 2017

Atelier #Regions2017: la formation professionnelle au service de l’emploi

Un atelier intitulé «La formation professionnelle au service de l’emploi: expérimenter de nouveaux modèles pour réussir demain» s’est déroulé le jeudi 28 septembre 2017 en matinée à Orléans lors du Congrès de Régions de France en présence de Muriel Pénicaud, Ministre du Travail, qui a introduit la séance.

Outre Mme Pénicaud, les autres participants à l’atelier étaient Gérard Cherpion, Président de la Commission Emploi, Formation professionnelle et Apprentissage de Régions de France, Christian Lajoux, Président du Comité interprofessionnel pour l’emploi et la formation (COPANEF), ancien Président de Sanofi France, Carine Chevrier, déléguée générale à l’emploi et la formation professionnelle, Séverine Crouvezier, dirigeante d’une PME en développement, spécialisée dans le textile innovant en région Grand Est et Yves Barou, Président de l’AFPA. L’atelier était animé par Isabelle Moreau, directrice de la rédaction, AEF Pôle social. Résumé des interventions.

Muriel Pénicaud a mis l’accent sur l’importance de la révolution numérique: “Dans 10 ans, 50% des emplois qui existeront ne sont pas connus aujourd’hui. De nombreux exemples montrent à quel point l’évolution s’accélère et à quel point c’est l’individu qui désormais fait les choix. Le management des entreprises évolue: vers un management coopératif, vers le mode projet, vers le collaboratif… Le recrutement évoluent : le diplôme perd de l’importance au profit d’un challenge mis en place avec les cadres recruteurs en direct. Les clients évoluent: ils donnent désormais leur avis en temps réel et cela change les pratiques et les approches commerciales des entreprises. Le « transgénérationnel » évolue : jusqu’à présent, les seniors enseignent aux juniors, aujourd’hui c’est les digital native qui enseignent aux anciennes générations. L’information évolue: aujourd’hui, c’est le data. L’innovation de rupture suppose des modes de pensée différents. Le travail et la création d’emploi dépendent de la compétence. Cela touche l’entreprise et le citoyen. Les pays les plus dynamiques sont ceux qui investissent dans le développement de la compétence des actifs. C’est pourquoi les projets de réforme du gouvernement se tournent vers la personne et non plus vers le statut. Le risque majeur, c’est le décrochage d’une partie des actifs (l’illettrisme numérique). Les compétences numériques de base sont vitales. La première sécurité c’est la compétence.

Muriel Pénicaud: “travailler avec les Régions”

“Il faut avoir ces chiffres en tête : à Bac+2 et plus, le taux de chômage est de 5,2% ce qui correspond au chômage frictionnel. En dessous, c’est 19%, et ça double chez les jeunes et ceux qui habitent certaines zones (rurales, péri-urbain sensible,…). 1 million de jeunes en France aujourd’hui sont des ni étudiant, ni employé, ni stagiaire (NEET). L’investissement en compétences est donc essentiel : d’où le Plan investissement compétences (PIC) de 15Mds€ consacrés aux compétences et à l’insertion. Nous allons travailler avec les Régions sur ces volets. Il y a un défi d’échelle et de vitesse. Il y a pourtant des places vides dans des filières d’apprentissage qui affichent des taux de CDI en sortie de 80%. 1 million de jeunes + 1 million de chômeurs à traiter dans le cadre de ce PIC.”

Carine Chevrier: “individualisation et transformation de l’offre de formation”

“Le PIC est là pour porter l’ambition d’aller chercher les jeunes et les chômeurs pour leur apporter les compétences”, poursuit Carine Chevrier. Pour la déléguée générale à l’emploi et la formation professionnelle, “c’est un engagement pluriannuel, c’est aussi un engagement de réussir. Le bilan du Plan 500.000 est positif : 1Md€ ont été dépensés avec l’aide des Régions qui ont investi pendant deux ans. Les faiblesses de ce plan sont connues: mieux travailler l’offre de formation, les contenus, améliorer le reporting et l’évaluation qui doivent se faire en continu. La réforme qui va être lancée va se mettre en place en début de quinquennat puis on ne touchera plus à rien. Les maîtres-mots sont : individualisation et transformation de l’offre de formation. Enfin, parler de formation continue sans parler de formation initiale n’a pas de sens. Il n’y a pas de césure en les deux.”

Gérard Cherpion: “laisser les choses se faire localement”

“La compétence est un enjeu qui se traite dans la durée”, rappelle Gérard Cherpion, Président de la Commission Emploi, Formation professionnelle et Apprentissage de Régions de France. “Le Plan 500.000 a eu cette vertu de faire travailler ensemble tous les acteurs mais il faut désormais travailler dans la durée avec le PIC. Dans mon territoire, les gens qui sont au chômage sont au niveau V à 75%. Le défi d’échelle et de vitesse doit s’appuyer sur les Régions qui seules peuvent y répondre. L’Etat doit être capable de laisser les choses se faire localement. Chaque année en Région Grand Est, les entreprises viennent expliquer leurs besoins et on adapte l’offre de formation. Il faut aussi créer des passerelles entre lycées pro, CFA et apprentissage. Les parents, les enseignants n’ont pas la culture de l’entreprise et réagissent à des stéréotypes. Les CIO les reproduisent et n’envoient pas les jeunes dans les CFA ou en apprentissage. Et pourtant : un apprenti c’est un étudiant des métiers.”

Christian Lajoux: “il faut simplifier”

Pour Christian Lajoux, président du Président du Comité interprofessionnel pour l’emploi et la formation (COPANEF),les réformes se succèdent avec la mise en place récente de la Loi de 2014 qui a été percutée par la Loi Notre et le Plan 500.000. On est sur le temps court et il faut donner du temps aux réformes de se mettre en place. L’enjeu de la formation, c’est l’insertion et l’emploi. Il faut sortir la formation professionnelle d’un discours technocratique. Il faut simplifier. C’est une grande cause nationale. Et n’oublions pas non plus les millions de salariés qui sont dans nos entreprises. Sur la question de la gouvernance, il faut revoir et mieux articuler les acteurs.”

Yves Barou: “arrêtons le gâchis”

Faire de la formation pour l’emploi, faire de la formation à de vrais métiers, faire évoluer nos modalités de formation. Voilà le triptyque”, affirme Yves Barou, président de l’AFPA. “Il faut aussi inventer le mix learning. On est bien placé en France pour le faire. Le Plan 500.000 a eu le mérite de faire travailler les Régions et l’Etat ensemble mais les formations choisies se sont raccourcies. Le CPF est une réussite mais c’est un outil compliqué. Il doit plus répondre aux besoins. Le PIC lie le social à l’économique et c’est bien. Il appelle à la mobilisation des acteurs car si tout le monde est d’accord sur l’importance de la formation on passe très vite à autre chose et le sujet ne sort finalement pas d’un cercle d’initités. Evitons le gâchis des gens qui arrêtent les formations, évitons les stages à moitié vide. Les organismes de formation sont en crise car les stages sont vides.”

Séverine Crouvezier: “des jeunes qui ont au moins des compétences de base”

Dirigeante d’une entreprise familiale textile vosgienne de 54 salariés, Séverine Crouvezier cherche 4 personnes qu’elle ne trouve pas pour faire tourner des machines numériques. Pourtant, elle cherche des personnes non qualifiées, curieuses, volontaires. “Mais ceux qui viennent n’ont pas les compétences de base (français, mathématiques). Aujourd’hui, la polyvalence est compliquée à trouver. On veut des jeunes qui ont au moins des compétences de base. On a des machines qui ne tournent pas à cause de cela. Et c’est un vrai défi et un vrai danger pour l’entreprise. Les chefs d’entreprise cherchent tous des chômeurs. Le cycle du primaire est primordial. La réforme doit commencer par là. L’entreprise c’est de l’autonomie, ce n’est plus le bagne”, témoigne la chef d’entreprise.

 

Les questions posées ensuite portent sur :

1/ la théorie adéquationniste et la difficulté à mettre en relation l’offre et la demande de travail.

2/ faut-il une réforme de plus ? Pas sûr pour beaucoup de participants.

3/ la nécessité d’une data territoriale

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