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01 juillet 2020

Le maintien à distance de l’activité de formation: une enquête pour mieux appréhender le futur

Alors que la lutte contre la propagation du virus Covid-19 a requis la suspension jusqu’au 11 mai 2020 de l’accueil en formation au sein des établissements, le deéploiement massif de modalités de formation à distance apparaît comme une réponse concrète pour garantir la continuité pédagogique de toutes les formations qui pourraient s’y prêter.

Dans ce contexte, le ministère du Travail et Régions de France ont souhaité faire le point sur la situation de l’ensemble des établissements de formation et CFA, ainsi que sur les solutions et ressources dont ils disposent pour assurer des formations à distance et leurs besoins non couverts à date. L’enquête OF-Covid vise d’une part à identifier les éventuelles mesures permettant aux établissements de formation et aux CFA de traverser cette crise en proposant à leurs apprenants les meilleures solutions possibles et d’autre part à repérer les leviers possibles à activer pour préparer l’après-crise.

Cette enquête, en ligne auto-administrée, s’adresse aux établissements de formation et aux CFA recensés par les Carif-Oref ou proposant des formations sur l’application « Mon compte formation ». Elle les questionne sur leur situation au 16 mars 2020 et leur vision de l’avenir. Elle a été administrée entre le 7 avril et le 6 mai 2020.

Ce document présente les résultats sur une base de 14 374 répondants en France métropolitaine et territoires ultramarins. Ils ont été redressés en fonction de caractéristiques des établissements de formation au 16 mars 2020 (ampleur de la demande de recours au chômage partiel pendant le confinement, répartition géographique par région, taille de l’unité urbaine d’implantation) et des entreprises desquelles ils relèvent (nombre de salariés, date de création, catégorie juridique, appartenance à la branche enseignement (code NAF 85), chiffre d’affaires et part du chiffre d’affaires provenant de la formation en 2018).

Le volume des stagiaires accueillis au 16 mars 2020 dans l’établissement de formation n’a pas été pris en compte pour redresser les résultats. Par convention l’utilisation dans ce document du terme « établissement de formation » inclut tout type d’établissements y compris ceux sur le champ de l’apprentissage.

Près des deux tiers des établissements de formation s’appuient sur des financements mixtes (privé et/ou public et/ou Opco, autres organisations paritaires). La combinaison financeurs privés-publics- Opco, autres organisations paritaires est la plus fréquente (un quart des établissements). Les Opco et autres organisations paritaires participent au financement de l’activité de formation de plus de la moitié des établissements, essentiellement en multi-financement.

Le mono-financement concerne par différence plus d’un tiers des établissements de formation avec une prédominance du lancement privé seul (21 % des établissements).

 

Des taux de maintien de l’activité de formation à distance qui diffèrent entre les Régions

Le taux de maintien de l’activité de formation ou de poursuite à distance est de 46,9 % au plan national. Il varie fortement selon les Régions. Les taux de maintien les plus élevés concernent les Régions Nouvelle Aquitaine, Hauts-de-France et Bourgogne-Franche-Comté. Il est particulièrement faible à Mayotte et à la Réunion. Il est également inférieur à la moyenne nationale en Martinique, Corse, Centre-Val de Loire, Pays de la Loire, Bretagne, Occitanie et Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les autres Régions affichent un taux de maintien légèrement supérieur à la moyenne nationale.

OPCO et transition Pro premiers financeurs des entreprises

Les organismes paritaires, principalement les Opco et Transition Pro, apparaissent comme les premiers financeurs de formation devant les entreprises et les particuliers. Ce constat vaut tant en nombre de citations (22 %) qu’en ordre d’importance au regard de l’activité en heures des établissements.

L’activité de formation issue d’une clientèle exclusivement privée (entreprises, particuliers avec ou sans CPF, associations) constitue une part significative de l’activité.

Dans une moindre mesure, la commande publique représente une part importante de l’activité de formation des établissements (28 %). Les achats de formation des acheteurs publics financent principalement des places destinées aux demandeurs d’emploi. Pôle emploi et les Régions sont les financeurs publics les plus souvent cités, devant ceux intervenant pour des publics spécifiques (Agefiph…). La commande de la fonction publique correspond à une logique différente puisqu’elle porte sur un achat pour ses propres agents.

Les établissements de formation se répartissent en 3 groupes :

  • 46,9 % ont maintenu l’activité en basculant ou poursuivant tout ou partie des formations à distance. La quasi-totalité a dû modifier son organisation pour évoluer vers des formations en distanciel.
  • 46,9 % ont suspendu au moins temporairement leur activité. Au moment de l’enquête, la majorité n’avait pas défini les modalités de sa reprise d’activité.
  • 6,2 % des établissements ont maintenu un contact régulier avec leurs stagiaires sans assurer de formation.

Au total, 53,1 % des établissements de formation maintiennent le contact avec leurs apprenants.

Le choix des financements des formations, un vecteur de réussite

Des différences sont perceptibles selon les financeurs. Ainsi, les établissements de formation sur financements mixtes sont proportionnellement plus nombreux à avoir maintenu ou poursuivi leur activité à distance, à l’exception des établissements sur financements privés et Opco.

Les taux de maintien de l’activité les plus élevés concernent les établissements sur financements publics et Opco puis les établissements sur financements privés, publics et Opco. Lorsque le maintien de l’activité de formation à distance n’est pas possible, les établissements cherchent néanmoins, et dans la mesure du possible, à maintenir un contact régulier avec les stagiaires, plus particulièrement en présence de financements publics.

Les établissements sur financements privés exclusivement affichent le taux de maintien le plus faible.

La digitalisation au cœur des stratégies

En matière de digitalisation des formations, les besoins exprimés par les établissements de formation sont avant tout liés à l’ingénierie pédagogique. Adapter les contenus pédagogiques, revoir les modalités d’évaluation et concevoir des modèles d’animations pédagogiques sont cités par un établissement sur deux ; ces problématiques touchent au cœur de métier de l’organisme de formation.

Les établissements identifient également des besoins en outils et supports pour faciliter le travail à distance avec les apprenants : plateformes intégrées et outils de web conférences sont les plus fréquemment mentionnés. Directement au service de l’ingénierie pédagogique, ils sont intrinsèquement liés à la mise à disposition des ressources pédagogiques. Les autres outils concernent l’environnement numérique (outils collaboratifs, partage de fichiers) et les réseaux sociaux ; ils sont nettement moins souvent cités. En effet, ils sont fréquemment utilisés dans la sphère privée. En outre, ils sont plus faciles à appréhender et maîtriser, passé le temps d’adaptation des équipes aux nouveaux usages ; de plus, leur absence entrave moins la continuité de l’activité.

Post-confinement : des perspectives et des inquiétudes

Cette dernière partie de l’enquête a amené les répondants à se projeter dans la perspective d’une reprise d’activité « post-confinement ». Au moment de la réalisation de l’enquête, les conditions de reprise en présentiel n’étaient pas connues.

Dans ce contexte, plusieurs inquiétudes s’expriment :

  • La remobilisation des publics apparaît comme la principale difficulté repérée (67 %). Sans parler nécessairement de « décrochage » (à l’instar du décrochage scolaire), l’épisode de confinement, en rompant la continuité des parcours de formation et leur fluidité, introduit un risque de « perdre » une partie des publics les plus fragiles, d’accentuer les inégalités entre apprenants.
  • Le deuxième motif d’inquiétude majeur concerne la mobilisation des entreprises (51 %). Les établissements de formation anticipent les difficultés liées à la situation économique générale et ses répercussions sur la capacité à trouver des terrains de stage pour leurs apprenants, voire un moindre engagement des entreprises dans les enseignements pratiques.
  • Le troisième sujet d’inquiétude a trait à l’organisation des épreuves ou examens à la fin du confinement ou à la validation des certifications, s’il y a lieu. La tenue des jurys nécessite habituellement une organisation en présentiel, une présence de l’apprenant et des membres du jury dans une « unité de temps et d’espace », voire selon la formation et les modalités d’évaluation, la mobilisation de plateaux techniques. Ces modalités sont remises en question ou nécessitent d’être adaptées au regard des contraintes nouvelles imposées par les exigences de sécurité sanitaire. Avant l’organisation des épreuves et examens, 41 % des établissements de formation anticipaient cette difficulté d’organisation, et dans des proportions plus élevées encore lorsque les établissements accueillent des publics de statuts différents (à l’instar de CFA formant à la fois des apprentis – formation initiale scolaire ou enseignement supérieur– et des personnes en contrat de professionnalisation – formation continue).
  • Enfin, le temps du confinement a perturbé le déroulement des parcours de formation, leur complétude et leur qualité. Une partie des établissements (29 %) s’inquiète de leur capacité à mener à bien le parcours pédagogique des apprenants et garantir leur réussite, ce qui conduit à s’interroger sur la possibilité de prolonger leur durée.

Pour plus d’information : RCO-enquete-OF-Covid

 

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